C’est un succès en demi-teinte, estime la « Chredo »

WP1-Orient le JourLa conférence internationale sur les victimes des violences ethniques et religieuses au M.O.UN « PLAN DE PARIS » A VOLETS HUMANITAIRE, POLITIQUE ET JUDUICIAIRE

C’est un succès en demi-teinte, estime la « Chredo »

chredo Sept2015Une conférence internationale sur les victimes de violences ethniques et religieuses au Moyen-Orient s’est tenue hier à Paris en présence de délégués de 56 Etats et de 11 organisations internationales.

A l’ordre du jour des séances  tenues sous forme de trois tables rondes, les moyens à mettre en œuvre pour soutenir les communautés visées par « Daech » et d’autres organisations terroristes pour des raisons ethniques ou religieuses et les communautés menacées en tant que telles en Irak et en Syrie.

C’est à l’initiative de la France que cette rencontre internationale a eu lieu au centre gouvernemental des conférences, rue de la convention, avec comme co-présidents, M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et de la coopération économique et son homologue jordanien, M. Nasser Judeh.

Pour ce qui est des orientations politiques générales de la conférence, les participants ont souligné, selon les informations officielles diffusées à la presse, que la diversité culturelle, religieuse et ethnique au Moyen-Orient constitue pour la région et pour l’humanité un patrimoine inestimable, que la communauté internationale a le devoir de protéger. Ils ont exprimé leur volonté d’agir sans délai pour préserver cette diversité et pour protéger les membres des communautés menacées qui sont particulièrement vulnérables.

Lors des discussions, les délégués  ont exprimé, face à l’ampleur des violences qui déchirent la région, leur détermination à redoubler d’efforts pour rétablir la paix et pour soutenir tous les réfugiés et déplacés ainsi que les Etats et les communautés qui les accueillent, dont les contributions ont été saluées.

Ils ont par ailleurs convenu qu’un objectif prioritaire de la communauté internationale et des Etats concernés est de faciliter le retour des personnes réfugiées et déplacées qui le souhaitent dans leurs foyers et ce en créant un environnement propice à leur retour.

Les trois tables rondes – dont une était présidée par M. Gebran Bassile, ministre des affaires étrangères du Liban – ont travaillé à des recommandations en matière humanitaire, judiciaire et politique. Un plan d’action annexé aux recommandations adoptées  reprend les principes  et actions discutés lors de la conférence. Ce plan d’action baptisé « Plan d’action de Paris » constituera une feuille de route pour contribuer à apporter des réponses au drame qui se joue dans la région.

Au niveau humanitaire, il a été décidé d’aider les autorités nationales  et locales ainsi que les communautés qui accueillent des réfugiés et des populations déplacées au moyen de programmes de développement visant à alléger une partie de leur charge et à renforcer leurs capacités.

Autre décision : une meilleure information sur les déplacements de population et sur les risques relatifs à leur sécurité ainsi que le renforcement des mesures visant à rétablir les liens familiaux entre les familles séparées.

Par ailleurs, les participants ont  insisté sur l’amélioration de l’accès à la santé et à l’éducation, sur la prise en charge des victimes de violences en sus d’actions de déminage et de réhabilitation d’infrastructures et de services publics, notamment des hôpitaux et des écoles pour favoriser la réintégration des communautés.

Les participants ont, en outre, souligné l’obligation pour toutes les parties de respecter le droit international humanitaire et la nécessité de promouvoir le respect de celui-ci auprès des forces armées sur le terrain.

Les délégués se sont engagés à soutenir les Etats les plus touchés de la région, c’est-à-dire la Jordanie et le Liban ainsi que la Turquie et l’Irak, qui accueillent des réfugiés et  leur portent secours ainsi que les efforts des sociétés civiles, des institutions régionales et des communautés d’accueil de ces pays.

Soutien également de l’action de l’ONU en Irak qui oeuvrent pour la reconstruction des infrastructures et le retour des déplacés.

Sur le plan judiciaire, il faut relever  la condamnation avec le plus grande fermeté des crimes odieux commis notamment par « Daech » et d’autres groupes qui, lui sont affiliés à l’encontre des populations civiles de toutes origines ethniques, religieuses ou autres. La conférence considère que ces atrocités constituent des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, voire des crimes de génocide, s’agissant de certaines communautés.

La Cour pénale internationale, ont estimé les participants, a un rôle important à jouer, notamment pour juger des crimes commis par « Daech » et d’autres organisations terroristes. Le Conseil de sécurité a été de l’ONU a été encouragé à étudier la possibilité de déférer ces crimes à la CPI.

Sur le terrain politique, la conférence a soutenu la nécessité de trouver des solutions politiques aux crises qui secouent la région avec des approches inclusives intégrant toutes les composantes de la société, dans le cadre de l’Etat de droit et du respect des droits de l’Homme.

 Ils ont souligné l’importance de mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU visant à lutter contre le terrorisme et à prévenir la radicalisation.

En ce qui concerne la Syrie, les participants ont rappelé leur volonté de préserver  l’unité er la souveraineté de ce pays marquant le fait que la seule solution durable à la crise syrienne est une transition politique  fondée sur le communiqué de Genève du 30 juin 2012, répondant aux aspirations légitimes du peuple syrien.

Parmi les autres décisions prises, on peut citer le renforcement du soutien à l’UNESCO, la réaffirmation du rôle des Nations Unies dans la région et la détermination de la conférence à agir concrètement en soutien de ses objectifs afin de protéger les communautés menacées au Moyen-Orient et de préserver la diversité de la région.

Dès que les résolutions de la conférence ont été rendues publiques, la « CHREDO » (Coordination Chrétiens d ‘Orient en danger) a estimé que cette rencontre est un succès en demi-teinte.

Le président de cette coordination, M. Patrick Karam, tout en reconnaissant que cette conférence est un acte politique important, les mesures adoptées  sont des réponses partielles à un problème global dans le contexte de la dramatique progression de la gangrène islamiste qui déstabilise tout l’Orient ainsi que l’Afrique.

Il a ajouté que cette rencontre tenue sur une « petite demi-journée » est insuffisante pour aller au fond des choses et que la rencontre de Paris n’a pas abordé des sujets essentiels.

Karam émet en conséquence cinq réserves qui peuvent se résumer ainsi :

  • La conférence n’a pas abordé la priorité absolue qui consiste à gagner la guerre.
  • L’aide humanitaire est réservée aux minorités alors qu’il s’agit d’aider tous les réfugiés dans les camps.
  • La création d’un fonds spécifique d’aide est faiblement doté et ne permet pas la reconstruction.
  • Le volet judiciaire ne mentionne pas les poursuites des Etats complices .
  • Cette conférence nie la spécificité des Chrétiens d’Orient dans un contexte de persécution qui provoque un exode.