Annoncée mais pas encore confirmée, la trêve à Gaza provoque satisfaction et jubilation chez les uns, déception et désolation chez les autres.
A Gaza, écrasée mais pas encore rasée, l’incompréhensible liesse a de quoi étonner et choquer.
Normal, pourrions-nous dire à la vue de ces rescapés déchaînés et heureux d’être encore en vie.
Choquant de voir et d’entendre, d’une part, à Gaza des scènes de liesse alors que la guerre d’extermination continue et, d’autre part, la vantardise de ceux qui s’attribuent les mérites d’une négociation pas encore conclue.
Qui a gagné ? Qui a perdu ?
Difficile de le dire et trop tôt pour en statuer.
Mais on peut déjà constater que la cause et le peuple palestiniens sont encore loin de la patrie rêvée.
Bien au contraire, les Palestiniens affrontent un triple péril : l’élimination Gaza la combattante, l’acceptation du fait accompli et le délitement de ce qui reste de l’entité palestinienne.
Sans compter la monstrueuse collusion du monde dit arabo-musulman qui ouvre la triste perspective de cette « Paix Abrahamique » si proche. Ni la criminelle indifférence des peuples-frères qui attendent depuis des mois, chronomètre en main.
Le honteux V de la victoire n’est pas près de laisser la place à prudence et à la mûre réflexion comme dans le camp d’en face.
Traduisons ici ce quatrain attribué grand poète palestinien Mahmoud Darwiche :
« La guerre finie et les commandants se serrent la main.
Reste la vieille femme qui attend son fils martyr.
Et la jeune femme qui attend son époux bien aimé.
Et ces enfants qui attendent leur père, ce héros…
Je ne sais pas qui a vendu la patrie, mais je sais qui en a payé le prix. »
Dans dix ou vingt ou trente ans, les survivants de Gaza, les descendants des déportés de Cisjordanie et les héritiers de la cause palestinienne reprendront la lutte avec plus de vigueur et plus violemment.
Qui a gagné ? Certainement pas ceux qui pavoisent.
Qui a perdu ? La justice et le droit.
Les hommes meurent mais les causes vivent à jamais.
E.M.