Saint-Etienne se rêve à nouveau en « Armeville »


« En 2023, nous devrions avoir une croissance de 40% », se réjouit Jean-Marie Mathelin, directeur général délégué de NBC-Sys, installée à Saint-Chamond (Loire), dans le bassin historique de fabrication des masques à gaz, depuis 1951. La société du groupe Nexter, qui fournit l’armée française et une dizaine d’autres pays en masques et cartouches, est implantée dans le quartier Novaciéries, où subsistent de rares hautes cheminées de brique rouge, vestige d’un passé industriel marqué par la fabrication des premiers chars français, et notamment des fameux « Saint-Chamond« , des blindés lourds déployés pendant la Première Guerre mondiale. Plus tard, c’est d’ici aussi que sortiront les VAB (véhicules de l’avant-blindé) utilisés pour le transport de troupes sur de nombreux théâtre d’opérations extérieurs de l’armée française.

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Aujourd’hui, l’entreprise y met au point, dans un laboratoire d’essai entièrement refait, les nouveaux masques à gaz qui rentreront d’ici à la fin de l’année en qualification pour équiper l’armée française. Les premières livraisons sont attendues dans trois ou quatre ans. Fin 2023, NBC-Sys aura doublé en cinq ans son chiffre d’affaires qui devrait se situer à 35 millions d’euros cette année. Les effectifs ont dans le même temps bondi de moitié pour atteindre 84 employés aujourd’hui, plus une trentaine d’intérimaires et de prestataires.

« Augmentation de la menace »

« On n’a pas eu de commandes supplémentaires liées à la guerre en Ukraine. C’est une hausse de la menace NRBC (nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique) depuis plusieurs années et une prise de conscience des armées qu’il fallait renouveler le stock », explique Jean-Marie Mathelin. Le président Emmanuel Macron avait souhaité en juin passer à une « économie de guerre« , c’est-à-dire permettre à l’industrie de défense de monter en puissance face au spectre de conflit majeur, mis en lumière par la guerre en Ukraine. L’objectif est de « produire du matériel de qualité, en quantité et plus rapidement », résume-t-on au ministère des Armées.

Pour faire face à la croissance, NBC-Sys a mis en service l’an dernier une ligne de production automatisée de cartouches. Masques et cartouches sont entièrement assemblés au sein de la société à partir de composants français, « ce qui nous assure une totale souveraineté », se réjouit le patron de NBC-Sys, ajoutant « qu’en cas de crise, c’est l’armée française qui sera servie en priorité ».

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Développement

Une deuxième unité de production va ouvrir à Saint-Étienne, début avril. Le futur site occupera 1.000 m2 de l’ancienne manufacture d’armes de Saint-Étienne: tout un symbole qui fait rêver une région jadis qualifiée d' »Armeville » tant elle était l’épicentre de l’armement français. « D’autres projets industriels du secteur de l’armement sont en gestation sur la métropole stéphanoise », explique Hervé Reynaud, le maire LR de Saint-Chamond, se félicitant de « participer à nouveau à la souveraineté nationale ». De quoi insuffler l’espoir après le cortège de suppressions d’emplois qui avaient frappé ce secteur à partir des années 1990, notamment marquées par l’arrêt de la fabrication des armes de guerre de petit calibre en France.

Si certains projets sont encore confidentiels, le fabricant d’armes de chasse Verney-Carron, qui opère une diversification dans les armes de défense de petit calibre, ne cache pas qu’il attend beaucoup de la loi de programmation militaire 2024-2030 qui sera discutée au printemps, tandis que la jeune société Hexadrone confie réaliser déjà la moitié de son activité avec l’armée française, selon son fondateur, Alexandre Labesse. « Le besoin accru en munitions de petits calibres va quant à lui relancer l’intérêt d’une filière française aujourd’hui disparue », estime Nicolas Bonnet, le directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie Lyon Métropole-Saint-Étienne Roanne, qui gère le Banc national d’épreuve des armes, installé à Saint-Etienne et unique en son genre en France.

Aujourd’hui, l’entreprise y met au point, dans un laboratoire d’essai entièrement refait, les nouveaux masques à gaz qui rentreront d’ici à la fin de l’année en qualification pour équiper l’armée française. Les premières livraisons sont attendues dans trois ou quatre ans. Fin 2023, NBC-Sys aura doublé en cinq ans son chiffre d’affaires qui devrait se situer à 35 millions d’euros cette année. Les effectifs ont dans le même temps bondi de moitié pour atteindre 84 employés aujourd’hui, plus une trentaine d’intérimaires et de prestataires.

« Augmentation de la menace »

« On n’a pas eu de commandes supplémentaires liées à la guerre en Ukraine. C’est une hausse de la menace NRBC (nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique) depuis plusieurs années et une prise de conscience des armées qu’il fallait renouveler le stock », explique Jean-Marie Mathelin. Le président Emmanuel Macron avait souhaité en juin passer à une « économie de guerre« , c’est-à-dire permettre à l’industrie de défense de monter en puissance face au spectre de conflit majeur, mis en lumière par la guerre en Ukraine. L’objectif est de « produire du matériel de qualité, en quantité et plus rapidement », résume-t-on au ministère des Armées.

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