Une histoire de la folie au Liban

Une histoire de la folie au Liban

Orient XXIÀ travers le récit de la création d’un hôpital psychiatrique dans les environs de Beyrouth, Asfuriyyeh : A History of Madness, Modernity, and War in the Middle East retrace l’histoire de la folie au Liban, qui n’est pas toujours là où on l’enferme.

Alors que le Liban subit l’enchaînement dramatique de fléaux sur fond d’une interminable crise politique et économique, Asfuriyyeh : A History of Madness, Modernity, and War in the Middle East présente une approche de l’histoire de la folie et de ses institutions dans leurs rapports avec le contexte sociopolitique et la succession de conflits et de déracinements qui ont traumatisé des générations de Libanais, parmi lesquels l’autrice, la chercheuse et médecin Joëlle Abi-Rached. Cette histoire apporte, à travers le portrait d’une institution psychiatrique, un éclairage passionnant et inédit sur l’histoire du Liban, dans la période qui couvre l’existence de cette institution de 1896 à sa fermeture en 1982, aux heures les plus sombres de la guerre civile.

Publié en septembre 2020, le livre présente le résultat d’une recherche scientifique rigoureuse nourrie d’un travail de première main sur les archives britanniques, françaises et libanaises. Issu de la thèse de l’autrice, il s’affranchit des limites des champs disciplinaires pour tracer en filigrane un parallèle entre l’histoire d’une institution médicale spécialisée et celle du Liban.

Joelle Abi-Rached, Asfuriyyeh : A History of Madness, Modernity and War in the Middle East, MIT Press, 2020. 309 p. ; 39,18 euros

Asfuriyyeh, « volière d’oiseaux »

L’approche chronologique est précédée d’une exploration sémantique de la maladie mentale dont les dénominations successives d’Asfuriyyeh sont le reflet : en 1900, le British Medical Journal cite « The Lebanon Hospital for the Insane » (l’hôpital pour aliénés du Liban) comme la seule institution de cette nature dans l’empire ottoman entre le Caire et Constantinople. En 1915, il est renommé « Hôpital pour maladies mentales du Liban », puis en 1950, « Hôpital pour troubles mentaux et neurologiques. »

LIRE LA SUITE