pourquoi la Russie n’utilise-t-elle pas massivement ses missiles hypersoniques ?

L’armée de Vladimir Poutine n’aurait lancé qu’une douzaine de missiles Kinjal sur le territoire ukrainien. Ce qui est peu comparé à la campagne de bombardements massifs pratiquée par la Russie. Les analystes militaires évoquent plusieurs pistes pour expliquer cette maigre utilisation des “armes absolues” du Kremlin.

“C’est l’arme absolue”. Voilà ce qu’avait déclaré le président russe Vladimir Poutine au sujet des nouveaux missiles hypersoniques fabriqués par Moscou. Le Kinjal, le Zircon mais aussi l’Avangard sont les premiers engins de ce type à être opérationnels et ils seraient capables de déjouer n’importe quel bouclier anti-missile. Pourtant, selon le site Bulgarian Military, l’armée russe ne semble pas utiliser massivement ses missiles futuristes contre l’Ukraine. La cause ? Un coût de production trop élevé et une technologie qui n’est pas encore arrivée à maturité.

D’après Bulgarian Military, les forces russes ont lancé environ 12 missiles hypersoniques pour bombarder le territoire ukrainien. L’efficacité du Kinjal semble être bien prouvée et l’appareil tient ses promesses en termes de vitesse. Cette machine peut atteindre des vitesses supérieures à 10.000 kilomètres par heure. Long d’environ 7,4 mètres pour un poids de 4 tonnes, cet engin peut frapper des cibles dans un rayon de 2.000 kilomètres. Seuls les énormes bombardiers TU-M22 et des avions de chasse Mig-31 spécialement modifiés poeuvent transporter un tel missile. La tête du Kinjal est équipée d’explosifs conventionnels pour toucher des cibles au sol et surtout des navires de guerre.

L’armée russe rechignerait pourtant à utiliser le Kinjal de manière massive en raison des faibles quantités produites. Des analystes militaires estiment que Moscou n’aurait produit que 50 à 150 missiles de ce type pour l’instant. Le coût du Kinjal jouerait en sa défaveur car les forces russes estiment qu’il n’est pas assez rentable de l’utiliser pour bombarder des unités ukrainiennes car elles sont dispersées sur le front et il n’y a pas de regroupement majeur de soldats à un même endroit.

Le gouvernement de Vladimir Poutine garderait aussi beaucoup de ses missiles hypersoniques en réserve dans le cadre d’un conflit potentiel avec des pays membres de l’Otan. Selon Bulgarian Military, d’autres experts affirment que les forces russes n’ont tout simplement pas les moyens logistiques pour tirer plus de missiles hypersoniques. En effet, l’armée de l’air n’aurait pas assez de bombardiers et de chasseurs modernisés pour emporter des missiles hypersoniques.

Cependant, la menace des appareils russes est bien réelle. Le général français Thierry Burkhard a affirmé devant le Sénat que “la mise en service de missiles hypersoniques a bien eu lieu, mais leur efficacité opérationnelle n’est pas encore à maturité”. Le haut gradé a ajouté que “l’intérêt d’un missile hypersonique est sa capacité accrue de pénétration des systèmes de défense pour détruire les centres de pouvoir et de décision”. Des armes comme le Kinjal ou l’Avangard pourraient ainsi “décapiter” la tête d’un gouvernement ou d’une armée et paralyser le fonctionnement de tout un pays.