Le nettoyage ethnique de la Palestine scellé le 10 mars 1948 dans le Plan Daleth se poursuit 75 ans après

Fin 1947, quand les Nations unies recommandent la partition de la Palestine en un État juif et un État arabe, la Palestine est habitée par un tiers de Juifs et deux tiers d’Arabes palestiniens. Un an plus tard, 80 % de la population arabe palestinienne du territoire devenu israélien vit en exil dans des camps de réfugiés. Plus de 500 villages et 11 quartiers de villes palestiniennes ont été détruits ou rasés. Ce nettoyage ethnique a été méticuleusement préparé tout particulièrement dans le Plan Daleth. En quelques mois, les dirigeants du mouvement sioniste ont organisé le « transfert » par la violence et l’intimidation de la population arabe palestinienne.

Quand Ben Gourion comprend en 1946 que les Britanniques vont quitter la Palestine, il élabore une stratégie générale contre la population palestinienne une fois les Britanniques partis (plan A, B et C). Quelques mois plus tard fut élaboré le plan D, (Plan Daleth). Ilan Pappe, historien israélien, précise dans son ouvrage « Le nettoyage ethnique de la Palestine » que « C’est lui qui a scellé le destin des Palestiniens sur les territoires que les dirigeants sionistes avaient en vue pour leur futur État juif. […] le Plan Daleth prévoyait leur expulsion totale et systématique de leur patrie. »

On est très loin du mythe officiel israélien selon lequel les Arabes palestiniens auraient quitté leur terre de leur plein gré, ou encouragés par les États arabes voisins. La Nakba – la catastrophe qui marque la dépossession, les massacres et l’expulsion de 800 000 Palestiniens de leur terre est l’aboutissement d’un plan systématique.

La Nakba s’est accompagnée d’un véritable « mémoricide » qui se poursuit aujourd’hui. Il fallait conforter un autre mythe sioniste selon lequel la Palestine était « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». Le changement de nom des endroits pris, détruits et recréés a commencé en Israël et s’est poursuivi après 1967 en Cisjordanie occupée dont Jérusalem-Est.

Quand en 2000, Ariel Sharon devenu premier ministre d’Israël, déclare « nous allons maintenant achever ce qui n’a pas été achevé en 1948 » les choses sont claires : ce qui n’a pas été achevé, c’est le processus dont la Nakba a été l’apogée, le processus d’expulsion et de dépossession du peuple palestinien de son territoire ainsi que du droit à son histoire et à sa culture.

Ce processus est toujours à l’œuvre aujourd’hui : extension à outrance de la colonisation en Cisjordanie comme ligne directrice du nouveau gouvernement israélien, lois visant à expulser les Palestiniens, dépossession et déplacements forcés des populations bédouines et destructions de maisons des deux côtés de la ligne verte en sont autant d’exemples.

Le gouvernement actuel poursuit le processus formalisé il y a 75 ans par le Plan Daleth, comme l’ont fait tous ceux qui l’ont ont précédé. Ils le font de manière extrêmement violente en assumant leur idéologie raciste et suprématiste ce qui laisse à craindre qu’une nouvelle Nakba soit dès à présent à l’œuvre. Ils espèrent qu’en terrorisant la population palestinienne, comme en 1948, elle finisse par partir.

Au service de ces objectifs de nettoyage ethnique et de dépossession, l’apartheid, doit être dénoncé pour ce qu’il est, un crime contre l’humanité. Il doit être démantelé pour que le processus de la Nakba entamé il y a 75 ans prenne fin.