Le clientélisme, premier pilier de la corruption en Irak

Le clientélisme, premier pilier de la corruption en Irak
© Ulys

Le clientélisme, premier pilier de la corruption en Irak

Mediapart Sous Saddam Hussein, le programme « Pétrole contre nourriture » promu en 1996 par l’ONU a favorisé la mise en place d’un système de prédation. Lequel s’est accéléré après l’invasion américaine de 2003. Voici le premier volet de notre enquête sur la corruption en Irak dans le prolongement de la série documentaire « Destruction d’une nation ».

Bassorah (Irak).– Imaginez un pays sous un soleil brûlant où il fait 50 degrés l’été. Imaginez ouvrir le robinet de votre évier et que l’eau qui en coule soit insalubre et pleine de bactéries. Et n’avoir pas d’autre choix que de la donner à votre enfant et de le rendre malade du choléra ou de la typhoïde.

Imaginez maintenant que l’on vous dise que le mal à l’origine de cette eau imbuvable soit la corruption. Imaginez-vous enfin marcher dans la rue pour protester et demander des comptes aux autorités responsables, et vous faire tirer dessus à balles réelles. C’est la triste réalité que vivent les habitants de la ville de Bassorah dans l’un des pays les plus corrompus du monde, l’Irak. Une corruption endémique et systémique qui gangrène tous les niveaux de la société et toutes les régions du pays.

« En Irak, la difficulté n’est pas de trouver des hommes corrompus mais des hommes honnêtes », explique Rahim al-Daraji, ex-membre de la commission pour l’intégrité de l’Irak. Créée par le parlement irakien, cette dernière fait ce qu’elle peut pour mener à bien son travail de probité. « En Irak, tout le monde est impliqué, donc dénoncer quelqu’un est risqué. Je vais être franc, sur tous les contrats que j’ai pu obtenir durant mon mandat de deux ans au sein de la commission, tous étaient frauduleux. Tous. Vous comprenez ? Il ne s’agit pas d’une poignée de voyous, non. C’est un système. L’Irak est gangrené par la corruption de haut en bas. »

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