Grands points d’interrogation au sujet de “l’assistance” pétrolière norvégienne au Liban et du rôle de Farouk El-Kassem
Mémo par Nicolas Sarkis
Economiste franco-libanais spécialisé dans les questions pétrolières et énergétiques. Conseiller de plusieurs pays producteurs de pétrole et de sociétés internationales, il a fondé et dirigé à partir de 1965 à Beyrouth (Liban) l’Arab Petroleum Research Center, APRC (Centre Arabe d’Etudes Pétrolières).
Depuis plusieurs années, les décisions majeures prises au Liban pour conclure des accords d’exploration/production de pétrole et de gaz naturel en mer sont prises en Conseil des ministres, sur la base des recommandations qui lui sont soumises par le ministre de l’Energie et de l’Eau. Ce dernier fonde pour sa part ses recommandations sur celles qui lui sont présentées par la Lebanese Petroleum Authority (LPA) placée sous sa tutelle, et qui s’abrite à son tour derrière des conseillers étrangers, norvégiens en particulier, qui viennent et partent dans la plus grande discrétion et dont les Libanais ne connaissent même l’identité.
La seule fois et la seule exception à cela, a été quand le principal de ces conseillers, généralement considéré comme le “gourou” de la politique pétrolière libanaise, est sorti de l’ombre pour faire entendre publiquement sa voix, à la demande du ministère de l’Energie. Il s’agit du géologue norvégien d’origine irakienne, M.Farouk El-Kassem, qui entretient des relations aussi étroites que discrètes avec les hauts responsables politiques et la LPA.
Comme par hasard, ce qui l’a poussé à sortir de son mutisme, c’est la lettre ouverte adressée par Nicolas Sarkis au président de la République M. Michel Aoun sous le titre “M. Aoun, vous seul pouvez sauver la richesse pétrolière”, dont la version française a paru en premier dans le journal libanais L’Orient le Jour du 5 janvier 2018, et la version arabe dans le quotidien libanais Al-Akhbar le 6 janvier 2018. Lettre à laquelle M. El-Kassem a riposté dans un long article publié dans Al-Akhbar du 13 janvier 2018 sous le titre : “Eclaircissements et commentaires pour faciliter le dialogue dans le secteur pétrolier: Commençons d’abord par nous assurer de l’existence du pétrole!”.
Tout ceci est survenu à une période où le gouvernement avait annoncé et fixé au 9 février 2018 la date de signature officielle des deux premiers accords d’exploration/production couvrant les blocs 4 et 9 en mer, avec un consortium franco-italo-russe. En guise de CV, M. El-Kassem souligne dans son article avoir pris part à “la création du secteur pétrolier norvégien” jusqu’à 1990, avant de se mettre à son compte comme consultant et qu’à ce titre il a “participé à l’élaboration des lignes de la politique pétrolière libanaise”, tout comme il a contribué “à plusieurs niveaux, à la traduction de la politique pétrolière en législations et réglementations, ainsi qu’en mesures préparatoires aux rounds d’attribution de permis”.
Il saisit enfin l’occasion pour exprimer un hommage appuyé à ce que le Liban avait fait jusque-là en vue de “renforcer son dispositif juridique”, tout en mettant en garde contre les coûts exorbitants et les risques “énormes” de création d’une société pétrolière nationale et d’une prise de participation de l’Etat dans les accords exploration/production avant la réalisation de découvertes en mer de “réserves suffisantes pour plus de deux décennies”. LIRE L’INTEGRALITE DU MEMO