« Contrat du siècle » : entre l’Australie et Naval Group, c’est bien fini

Ce lundi 13 mars 2023, l’Australie a définitivement tourné le dos aux sous-marins de Naval Group. Elle va acquérir des sous-marins américains, dans le cadre d’une alliance.

En novembre 2022, un peu plus d’un an après la rupture du contrat avec Naval Group pour la livraison à l’Australie de douze sous-marins à propulsion conventionnelle dérivés du Barracuda, Emmanuel Macron avait renouvelé auprès du Premier ministre australien Anthony Albanese sa proposition de construire quatre sous-marins.

Une proposition qui pouvait passer pour une alternative auprès de l’Australie, dont la flotte de six sous-marins de type Collins date des années 90. Après avoir travaillé pendant cinq ans avec Naval Group, l’Australie s’était désistée en septembre 2021 pour nouer avec les États-Unis et la Grande-Bretagne l’alliance AUKUS et la promesse de sous-marins à propulsion nucléaire.

Sauf que les carnets de commandes des chantiers américains et anglais apparaissaient bien pleins. Mais avec un peu de bonne volonté…

Trois Virginia achetés, option pour deux

L’Australie va donc acheter trois sous-marins américains à propulsion nucléaire de la classe Virginia, avec une option pour deux bâtiments supplémentaires.

L’annonce a été faite ce lundi 13 mars 2023 par le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, alors que le président américain, le Premier ministre britannique Rishi Sunak et le chef du gouvernement australien Anthony Albanese s’étaient donnés rendez-vous dans une base navale à San Diego.

Trois phases 

Le programme d’équipement de la marine australienne devrait en fait se dérouler en trois phases. Tout d’abord, une phase de familiarisation du pays – qui n’a pas de sous-marins à propulsion nucléaire, ni de technologie nucléaire qu’elle soit militaire ou civile – avec ces engins, via la formation de marins, ingénieurs, techniciens.

Dans un deuxième temps, l’Australie va acheter trois sous-marins américains à propulsion nucléaire de la classe Virginia, avec une option sur deux navires submersibles supplémentaires. Les sous-marins doivent être livrés à partir de 2030.

Le premier sous-marin est en service dans la marine américaine depuis 2004. Vingt-deux autres ont été livrés depuis et cinq autres sont en cours de construction. Ils sont plus gros que les Barracuda français : 115 mètres de long pour un déplacement en plongée de 7 900 tonnes contre 100 mètres et 5 300 tonnes.

Troisième, et la plus ambitieuse, étape du programme, les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni vont s’associer pour développer une nouvelle génération de sous-marins, baptisée SSN-AUKUS. Ces engins, à propulsion nucléaire et à armement conventionnel, vont impliquer des « investissements importants » dans les trois pays, a précisé Jake Sullivan.

« Dissuader tout conflit »

Ce programme représente pour les États-Unis « un engagement sur des décennies, et peut-être même un siècle ». L’objectif, a-t-il assuré, n’est pas « de partir en guerre mais de dissuader tout conflit ».

Interrogé à plusieurs reprises sur les critiques de la Chine, Jake Sullivan a assuré que Washington avait déjà abordé le sujet directement avec Pékin, et ne prenait personne par surprise. 

Nous sommes très sereins à propos de la manière dont nous avons conçu l’alliance AUKUS afin d’assurer la paix et la stabilité dans la région indo-pacifique.Jake Sullivan

Ce nouveau partenariat militaire, très étroit et très ambitieux, ne fait pourtant pas que des heureux.

La conclusion de l’alliance AUKUS, avec pour corollaire l’annulation par Canberra du contrat d’acquisition de douze sous-marins français, avait donné lieu à une crise diplomatique avec la France, qui avait crié à la « trahison ». L’indignation de la France a surtout fait place aux critiques de la Chine, engagée avec les États-Unis dans une rivalité économique et stratégique acharnée.