Port de Beyrouth convoité par la Chine : «Notre sécurité économique et militaire est menacée»

Port de Beyrouth convoité par la Chine : « Notre sécurité économique et militaire est menacée »
JOSEPH EID / AFP

Après les déplacements successifs d’Emmanuel Macron à Beyrouth, si le port de la capitale était racheté par la Chine, dans quelle mesure la diplomatie française serait-elle ébranlée ? 

Non seulement la diplomatie française en serait ébranlée mais cela évincerait définitivement les Occidentaux de la région. Si l’on exclut Israël qui reste l’un des derniers arrimages sur lequel Washington et Bruxelles peuvent encore compter, la Syrie est, elle, un quasi-protectorat russo-iranien et la Turquie d’Erdogan a définitivement tourné le dos à l’Union européenne. Or, cette région est, comme l’ensemble du pourtour méditerranéen, vitale pour notre sécurité. Si les Chinois s’en emparent, notre sécurité d’abord économique puis militaire risque de ne plus être respectée. Rappelons que la stratégie des Nouvelles Routes de la soie initiée par Pékin vise à neutraliser les points névralgiques et de passage pour ses seuls intérêts. En cela, le projet chinois est hégémonique et donc dangereux. Le contrôle de Beyrouth lui permettrait d’établir un continuum entre Le Pirée, en Grèce, et l’Égypte notamment qui tend à devenir avec l’Iran les deux pays privilégiés, en termes d’investissements, par la diplomatie chinoise du moment. Beyrouth est par ailleurs la principale porte d’entrée au Proche-Orient. Une majeure partie des importations pour l’ensemble de la région transite par ce port et la Chine y est déjà très présente puisque 40 % des importations pour le seul Liban proviennent précisément de l’Empire du milieu.

Au vu de la prédominance de la Chine à Beyrouth, le Hezbollah, opposé depuis le début à l’intervention française, risque-t-il d’œuvrer contre la France, surtout après le pacte fraîchement signé entre Pékin et Téhéran ?

Absolument et l’achat du port de Beyrouth réactiverait une alliance chiite aujourd’hui en souffrance. Les accords commerciaux signés en mars dernier à Téhéran par Wang Yi, le Ministre chinois des Affaires étrangères, de plus de 400 milliards de dollars dans des domaines aussi variés que les infrastructures ou l’agriculture vont redynamiser cette alliance. Pékin concrétise ainsi sa stratégie de revers avec un risque de sanctuariser à son profit l’ensemble de la région.

LIRE LA SUITE