Orient XXI : Les États du Golfe peuvent-ils survivre sans travailleurs étrangers ? par Claire Beaugrand

Travailleurs immigrés sur la construction du Qatar Petroleum Building à West Bay, Doha Alex Sergeev Cet article s’inscrit dans le cadre d’un partenariat entre Orient XXI et le Centre français d’archéologie et de sciences sociales (Cefas-Koweït) autour des enjeux politiques et sociaux du Covid-19 dans la péninsule Arabique.

Les États du Golfe peuvent-ils survivre sans travailleurs étrangers ?

par Claire Beaugrand

La crise économique dans les pays du Golfe, aggravée par l’épidémie de Covid-19, a accéléré la précarisation des travailleurs immigrés dans la région. Mais s’en débarrasser n’est pas si facile pour des États dont la richesse s’est construite sur leur présence.

Cet article s’inscrit dans le cadre d’un partenariat entre Orient XXI et le Centre français d’archéologie et de sciences sociales (Cefas-Koweït) autour des enjeux politiques et sociaux du Covid-19 dans la péninsule Arabique.

Travailleurs immigrés sur la construction du Qatar Petroleum Building à West Bay, Doha
Alex Sergeev

Conjuguée à la chute des prix du pétrole en mars 2020, la crise sanitaire a, comme partout, durement frappé les économies des six monarchies du Golfe. Alors que les premiers cas d’infection se sont déclarés parmi les résidents étrangers, l’attention médiatique s’est rapidement portée sur le sort des plus vulnérables : les travailleurs peu qualifiés des chantiers de construction. Dans une situation plus que précaire, parfois forcés à continuer le travail, parfois sans activité ni salaire et dépourvus de tout mécanisme de protection sociale, ils se sont retrouvés confinés dans des conditions sordides et souvent dans des camps surpeuplés, sans savoir quand ni comment rentrer dans leurs pays d’origine.

Certains de leurs quartiers d’habitation ont été verrouillés, et leur subsistance dépend désormais souvent d’organisations caritatives. Le 17 avril 2020, des organisations de défense des droits humains lançaient un appel aux gouvernements des pays du Golfe à respecter les droits de ces travailleurs vulnérables, particulièrement dans les secteurs de la construction, de l’hôtellerie-restauration et de l’emploi domestique où les irrégularités, telles que les retards ou réductions de salaire sont monnaie courante.

Les pays d’origine de ces travailleurs — Inde et Pakistan en particulier — ont, quant à eux, été particulièrement lents à réagir face à la détresse de leurs ressortissants : la mission indienne de rapatriement, Vande Bharat, n’est venue en aide aux résidents bloqués dans les pays du Golfe qu’à la mi-mai. LIRE LA SUITE