Monsieur le Président de la République française,
Le Liban vous sait certainement gré pour toute l’attention que vous lui portez. Vous êtes certainement plus libanais que les soi-disant politiciens appartenant à la classe politique voyou qui sont au « pouvoir » grâce au bon vouloir du Hezbollah et qui gigotent sous sa houlette.
L’équation entre l’organisation chiite et la classe politique est bien simple : vous avez les miettes du pouvoir et vous pouvez escroquer les Libanais à satiété en contrepartie de quoi j’exige votre soumission à l’occupation iranienne que je représente.
C’est que, Monsieur le Président, le parti de Dieu, quoique ses membres soient libanais, n’est certainement pas un parti libanais. Il fait partie intégrante de la République islamique d’Iran. Vous le savez sans doute autant que moi.
Son projet est tout bonnement l’islamisation du monde sur la base de la wilayat el-faqih. Point de départ : le Moyen-Orient. Mode d’action : le jihad concrétisé par l’« axe de la résistance ».
Aujourd’hui, le Hezbollah contrôle tout l’appareil d’État : ses institutions constitutionnelles (Parlement, présidence de la République, gouvernement), les appareils administratif et judiciaire, ainsi que les services de sécurité.
L’État libanais est non seulement un État voyou, mais un État défaillant. Le Liban vit tout simplement une situation de non-État. Le Liban – en tant qu’entité, en tant qu’État et en tant que peuple – est en perdition.
Le problème ne réside ni dans la Constitution libanaise ni dans le contrat sociopolitique représenté par l’accord de Taëf. Ce dernier ne devrait être mis à jour ni sous la pression des armes miliciennes ni à travers une table ronde des larrons de la politique libanaise sous l’égide de puissances extérieures.
Le Liban est en fait sous une double occupation : l’occupation iranienne et celle de la classe politique voyou.
La clé de voûte de cette double occupation est bien évidemment le Hezbollah.
Par ailleurs, la révolution du 17 octobre 2019 s’est affirmée en tant que force de changement. Elle demeure cependant dans l’incapacité d’opérer le sauvetage du Liban. Même si elle unifierait ses rangs et son programme, et même si elle mobiliserait des millions de Libanais, le Hezbollah utiliserait ultimement la force brutale pour terroriser les insurgés et faire échec à leur révolution.
De plus, il est désormais clair qu’il y a incapacité d’une sortie de crise à travers les processus constitutionnels (élections législatives et présidentielle, formation de gouvernement). C’est une question de rapport de forces.
Par Toufic HINDI