«Taëf » version française

Edito : «Taëf » version française
Une conférence s’était tenue en 1989 à Taëf, en Arabie Saoudite, au cours de laquelle des amendements à la Constitution avaient permis de mettre fin à la guerre civile qui consumait le pays du cèdre depuis 1976.

A l’époque, le roi Fahd d’Arabie avait mis tout son poids – et des budgets consistants – dans la balance, mobilisant les grandes puissances pour gagner son pari.

Aujourd’hui, on prête au Président Emmanuel Macron l’intention d’organiser, avec le soutien de l’Europe, un « Taëf 2 » pour sauver le même Liban d’une descente aux enfers plus meurtrière que la guerre de 76 et menacer de disparition cet ami et protégé de la France.

Avec la même détermination que le souverain wahabite de l’époque, des aides promises  au cours de récentes conférences tenues à Paris et un feu vert ou tout au moins orange de Joe Biden.

Un « Taëf » à la française ? Pourquoi pas, même face aux accusations d’ingérence que Recep Tayyeb Erdogan pourrait lancer.

A Taëf en 1989 qui avait accusé l’Arabie d’ingérence ?

Emmanuel Macron pourrait invoquer les principes sacro-saints d’assistance à pays en danger ou même de « devoir d’ingérence » pour sauver un peuple menacé de mort.

En sauvant le Liban des griffes du sultan Erdogan et de l’islam d’exportation iranien.

La France pourrait ainsi reprendre pied en méditerranée orientale où s’affrontent les nouveaux empires perse et ottoman sous le regard presque amusé d’Israël qui se tourne et détourne vers la Péninsule prometteuse.

Au plan constitutionnel, il faudra établir un nouveau Liban fortement décentralisé avec une formule fédérale et un statut neutre bien adaptés pour prévenir d’autres secousses dont la première pourrait être de violentes réactions régionales contre la normalisation entre Israël et les pétro-monarchies de la Péninsule arabique. Processus appelé à tenir si la nouvelle diplomatie de Washington parvenait à une détente avec l’Iran accompagnée d’une arrivée au pouvoir de l’opposition palestinienne menée par Mohammed Dahalan.

Dans une telle conjoncture, le ciel aidera le Liban même s’il ne s’aidait pas lui-même.

Même si ses dirigeants pourris poursuivaient le pillage de ce qui reste en lorgnant sur nos richesses sous-marines.

Parallèlement, les négociations avec Israël sur les frontières maritime et terrestre   finiront par aboutir par les soins du nouveau médiateur américain.

Mais il ne faut pas se contenter de rêver… en comptant sur les autres et en continuant de vivre au-dessus de ses moyens et même des moyens des autres…

Sans un effort ultime et un sursaut minimal, aucun salut n’est possible. Le train de l’Histoire ne passera pas une deuxième fois.