L’Afrique peut nourrir le monde

Cet ouvrage de George Arthur Forrest, L’Afrique peut nourrir le monde, est un cri du cœur, une profession de foi, une espérance. Il repose sur un optimisme de la volonté, celui qui contribuera à sortir l’Afrique de la nasse d’une ancienne et ruineuse dépendance alimentaire.

Riche d’une longue et solide expérience d’entrepreneur, l’auteur y dit sa conviction profonde : l’Afrique peut se nourrir et contribuer à la nourriture d’autres parties du monde.

Lorsqu’une telle foi s’ancre chez un bâtisseur, un pilier du secteur privé, un capitaine d’industrie, créateur de milliers d’emplois, patron d’un grand groupe industriel qui vient de fêter son centenaire, on peut penser, à juste titre, que l’émergence des pays africains est en marche.

Il est évident que l’Afrique ne pourra jamais relever les immenses défis de son devenir, sortir du sous-développement, faire face à son destin sans accorder une priorité élevée à l’agriculture et à la sécurité alimentaire.

La République démocratique du Congo, terre natale de l’auteur de ce livre, est un continent au cœur du continent. Celui-ci dispose, nous dit-il, d’immenses ressources naturelles capables d’asseoir son développement et de le propulser très haut dans la hiérarchie des nations prospères. Il regorge d’hydrocarbures, de cours d’eau, de métaux rares et précieux et de nombreux autres atouts dont l’optimisation permettrait de lancer le vaste plan d’une industrialisation créatrice de millions d’emplois et vectrice d’inclusion et d’équité sociales.

Pour toutes ces raisons et en Africain engagé dans le combat pour le sursaut du continent, je partage la vision et le combat de George Arthur Forrest pour faire de l’agriculture la base de la souveraineté alimentaire et industrielle de l’Afrique. Je considère avec lui qu’il faut impérativement revoir et corriger en profondeur les schémas inopérants de nos modèles de développement et sortir du carcan des seules ressources du sous-sol pour faire aussi de celles du sol, et principalement l’agriculture, un des puissants leviers de la transformation structurelle d’un continent debout, résilient et plus que jamais déterminé à prendre sa juste place dans le concert des nations.

Aucun discours souverainiste ne pourra trouver un écho positif, durable et structurant dans la vie des populations africaines s’il n’est pas capable de mettre fin à la faim, à la soif, au chômage, à la maladie, à l’ignorance, pour permettre l’inclusion sociale par l’agriculture, l’industrie, l’éducation et la mise en place d’infrastructures modernes.

Pour cela, il faut aller bien au-delà de la seule intention, au-delà du discours incantatoire pour, après le temps de la parole, entrer dans celui de l’action. C’est ce qu’a fait George Arthur Forrest avec la mise en place de GoCongo !

Il a compris depuis longtemps que le chemin du véritable développement réside dans la transformation qualitative des conditions de vie des citoyens africains, pour leur permettre de jouer un rôle de premier plan dans la globalisation des grands enjeux du monde.

En tant qu’homme politique et dans mes responsabilités de chef d’État, je me suis toujours attelé, du mieux que j’ai pu, à faire de l’agriculture, de l’industrie et des infrastructures le moteur de mon action publique.

Je signale au passage que la diplomatie sénégalaise, lorsque notre pays a siégé comme membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, en 2016, avait promu à New York l’initiative « Eau, paix et sécurité », née du constat que 1,5 milliard de personnes dans le monde étaient privées d’accès à l’eau potable et que la raréfaction des ressources hydriques entraînait des tensions politiques et climatiques croissantes.

Originaire du Sahel, ayant vécu dans des zones arides à pluviométrie très faible, conscient de ce que fut la (plus que) pénible corvée d’eau pour des millions de compatriotes, et plus particulièrement pour les femmes africaines, j’ai toujours été sensible à cette question et viscéralement attaché à l’importance cruciale de la politique de l’eau.

Aujourd’hui, plus que jamais, je reste convaincu que l’eau sera – si elle ne l’est déjà – un enjeu géostratégique de tout premier plan dans les relations internationales. Et pour nous, originaires des pays de la bande du Sahel, la non-anticipation de cette problématique, par-delà le coût de l’inaction, pourrait se révéler suicidaire. Gouverner, c’est prévoir !

Agir et anticiper, c’est aussi tout le sens de mon engagement actuel comme envoyé du Pacte de Paris pour les peuples et la planète, communément appelé les « 4P ». Les besoins de l’Afrique pour relever les défis liés à l’accès à l’eau potable, à la sécurité alimentaire et au développement d’une puissante chaîne de valeur agro-industrielle nécessitent des investissements publics et privés colossaux. C’est pour cette raison que je m’emploie à une réforme en profondeur de la gouvernance financière mondiale, afin qu’elle prenne davantage en compte les spécificités économiques, sociales et culturelles de l’Afrique. Et je me réjouis de constater que le combat que je mène pour multiplier le volume des capitaux à destination de l’Afrique trouve un écho favorable dans l’ouvrage de George Arthur Forrest. Mais cela au fond n’est guère surprenant, car il faut dire que son pays et le mien, la République démocratique du Congo et le Sénégal, deux pays frères, ont toujours porté ensemble les messages de paix, de sécurité et de développement dans les instances africaines et internationales.

Ce livre est le plaidoyer d’un bâtisseur ayant opéré avec succès dans les mines, la banque, le génie civil, l’aviation, l’énergie, le commerce et l’agroalimentaire, mais toujours soucieux d’ouvrir des voies nouvelles pour les jeunes générations.

Son nouveau combat à travers GoCongo porte l’ambition de nourrir 100 millions de Congolais, de lutter contre l’inflation des denrées alimentaires et de s’attaquer à la déforestation. Il saura, dans ce grand combat, compter sur mon soutien attentif et fidèle, car la République démocratique du Congo est un pays cher à mon cœur et parce que notre amitié personnelle est aussi la continuation de celle qui a toujours lié nos deux peuples.

Ce livre, j’en suis convaincu, sera une boussole pour la jeunesse et pour les entrepreneurs africains déterminés à changer le cours de l’histoire du continent et à relever pour l’avenir le défi de sa souveraineté.

Macky Sall
Ancien président de la République du Sénégal