COMBIEN DE DIVISIONS ?…

« Combien de divisions?… »

Cette fameuse formule lancée par Staline à Pierre Laval en 1935, puis en 1945 à Winston Churchill, à propos du Pape, conviendrait aujourd’hui à Benjamin Netanyahu pour répondre à ceux qui condamnent l’horrible bombardement de l’église de la Sainte Famille à Gaza qui laissé sous les décombres trois morts et des dizaines de blessés.

Bibi aurait pu reprendre cette même question avec la même morgue. Mais il a préféré parler d’erreur alors que tout le monde savait que des centaines de civils dont des femmes, des vieillards et des enfants s’abritaient sous la nef sacrée qu’ils croyaient protectrice du déluge de feu qui s’abat depuis deux  ans sur l’enclave palestinienne.

Le massacre visait, aurait-on pu dire, les terroristes les plus dangereux du Hamas mais on n’a trouvé sous les gravats que des fidèles chrétiens et musulmans qui imploraient le même Dieu protecteur. Ici, pas de tunnels ou entrepôts de munitions cachés par les méchants Palestiniens.

On s’attendait, après le massacre, à une énorme levée de boucliers, à une mobilisation monstre, à une sorte de croisade des temps modernes mais nous n’avons vu et entendu que des condamnations verbales, des prières de prélats locaux et, sur place, des envoyés du Vatican (sans gardes suisses) fiers d’avoir traversé les barrages israéliens, croix mi-levées.

On peut imaginer ce qui serait arrivé si en d’autres lieux et circonstances l’église était une synagogue. 

Ou se rappeler le tollé politico-médiatique si un cimetière juif avait été profané comme à Carpentras en 1990. 

A l’époque et pour la première fois dans l’histoire, un Président de la République, François Mitterrand, avait défilé à la tête d’une manifestation évaluée à un million de personnes. 

Mais, autres temps et autre mœurs, l’église de Gaza n’est pas le cimetière de Carpentras…

On croyait que l’Europe dépasserait ses protestations habituelles, que la France dérogerait ne serait-ce qu’une fois au sacro-saint principe de la laïcité pour aller plus loin. 

Mais la terreur imposée au monde par le sionisme mondial, le soutien total de l’Amérique pourtant chrétienne, l’indifférence criminelle du milliard et demi d’Arabo-Musulmans ont banalisé le crime odieux commis à Gaza l’assimilant à une simple méprise en zone de guerre.

Que dire de plus sur une lâcheté qui n’est pas près de céder la place à une vraie mobilisation. A l’instar de cette vive condamnation assortie de sanctions prises récemment à Bogota par trente chefs d’Etat courageux.

                                                                                                                        E.M.