La faim tue désormais dans la bande de Gaza

Article de Patrick ANGEVIN.

Les agences de l’Onu et les ONG sur place l’avaient annoncé. Les décès provoqués par la malnutrition aiguë se multiplient dans le territoire de 2,3 millions d’habitants soumis par Israël à un blocus quasi total depuis le 2 mars.

Abdul Jawad al-Ghalban avait 14 ans. Il est décédé mardi à l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Les photos de son corps squelettique, prises par l’Agence France Presse, et le témoignage de ses parents dévastés, ne laissent pas de doute sur les raisons de sa mort. La faim.

Comme les agences de l’Onu et les ONG humanitaires sur place l’avaient anticipé depuis plusieurs semaines, les décès par malnutrition aiguë se multiplient dans le territoire assiégé et affamé. Selon le directeur de l’hôpital al-Chifa à Gaza-Ville, Mohammed Abou Salmiya, 21 enfants sont  morts de faim  entre dimanche et mardi, dans son établissement, à l’hôpital des Martyrs d’al-Aqsa, à Deir el-Balah, et à l’hôpital Nasser, à Khan Younès.

Des risques insensés pour manger

Dans un communiqué, Médecins Sans Frontières (MSF) alertait le 11 juillet sur l’explosion des cas de malnutrition aiguë dans ses deux cliniques, à Al-Mawasi (sud) et Gaza-ville (nord) : plus 700 femmes enceintes ou allaitantes et 500 enfants…  Le résultat de choix délibérés des autorités israéliennes , dénonçait MSF. À défaut d’une entrée rapide et massive de nourriture et de médicaments, ONG et Onu anticipent désormais une envolée des décès. Ils s’ajouteront aux 59 000 victimes comptabilisées depuis le début de la guerre.

La faim pousse les Gazaouis à prendre des risques insensés, pour eux ou pour leurs enfants. Plus d’un millier ont été tués en allant chercher de la nourriture, notamment à proximité des centres de distribution de la mal nommée Fondation humanitaire de Gaza, mis en place par Israël pour écarter l’Onu, accusée de complicité passive avec le Hamas.

Ce mardi, devant le Conseil de sécurité à New York, le secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres a fustigé  l’horreur qui se déroule à Gaza, avec un niveau de mort et de destruction sans équivalent dans l’histoire récente. La malnutrition explose. La famine frappe à toutes les portes…  Lundi, vingt-cinq pays, dont la France, avaient appelé à un arrêt immédiat de la guerre.