Iran : seule l’arme nucléaire pourra stopper Bibi

“Les Iraniens prouvent sans l’ombre d’un doute qu’ils sont en mesure de lancer des frappes hypersoniques équipées d’une ogive de grande précisionMême sans connaître le nombre exact de missiles de pointe dont ils disposent et leur taux de production, il est indéniable que l’Iran a remporté une victoire stratégique majeure à fort effet dissuasif. Avec le temps, les Iraniens vont s’affirmer et les Israéliens finiront par désespérer de pouvoir changer la donne. Je doute que la paix figure à l’ordre du jour”. — Will Schryver, analyste militaire, Substack

Si l’Iran détenait l’arme nucléaire, Israël n’aurait jamais osé attaquer le 13 juin. Cette réalité incontestable conditionnera les décisions iraniennes futures. L’arme nucléaire est synonyme de sécurité. C’est aussi simple que cela.

Les dirigeants iraniens sont toujours opposés au développement de l’arme nucléaire pour des motifs religieux. Ils estiment en effet qu’une arme susceptible de tuer des millions d’innocents est moralement inacceptable. Mais cette approche est erronée. L’Iran a besoin de l’arme nucléaire pour sauver des vies, pas pour les détruireL’Iran ne cherche pas à étendre ses frontières ou à envahir des pays tiers, mais à assurer la sécurité de sa population et la pérennité de sa civilisation. C’est pourquoi il doit disposer d’un arsenal en mesure de dissuader les agresseurs étrangers dont les objectifs de politique étrangère sont motivés, entre autres, par la possession d’armes nucléaires.

Le cessez-le-feu actuel n’est qu’une pause temporaire dans les hostilités, dont Israël profite pour réorganiser sa défense et préparer la prochaine phase du conflit. Comme l’illustre l’extrait ci-dessus, Netanyahu et son cabinet de guerre sont toujours déterminés à désarmer l’Iran, à renverser son gouvernement et à anéantir le pays, comme ce fut le cas en Irak, en Syrie et en Libye. C’est d’ailleurs pour cette raison que Bibi s’est rendu à Washington cette semaine afin d’informer Trump des ajustements apportés à sa stratégie et d’obtenir le feu vert de la Maison blanche pour mener d’autres opérations si Téhéran refusait de renoncer à ses ambitions nucléaires. Israël veut pouvoir bombarder l’Iran quand bon lui semble (comme il le fait au Liban et en Syrie) et s’assurer que Trump “le soutiendra”. Selon Bibi, si Israël provoque Téhéran par de nouvelles frappes aériennes, l’Iran répliquera en bombardant Israël de missiles balistiques, poussant ainsi l’Oncle Sam à intervenir. Pousser les États-Unis à prendre part à sa guerre, voilà la stratégie opérationnelle d’Israël.

Ce que l’article ne mentionne pas, c’est qu’Israël ne s’engagera pas dans une nouvelle guerre contre l’Iran tant qu’il n’aura aucune certitude quant à la capacité de riposte de ce dernier. Netanyahu a en effet répété à plusieurs reprises ne pas vouloir « s’engager dans une guerre d’usure avec l’Iran ». L’Iran est en effet trop bien armé. On peut donc supposer que Bibi prévoit de faire monter les enchères en poussant Trump à entrer en guerre ou en utilisant des bombes nucléaires à faible rendement capables de détruire des bunkers, afin d’effrayer l’Iran et de le contraindre à se soumettre. Une chose est sûre : le deuxième round du conflit sera beaucoup plus destructeur et meurtrier que le premier. Voici ce qu’a déclaré Ali Fazli, coordinateur adjoint des Gardiens de la révolution iranienne :

“Nous attendions l’attaque de l’ennemi depuis de nombreuses années et étions prêts à nous défendre. Le missile “Seジル a pris l’ennemi par surprise. Nous n’avons utilisé que 25 % de notre capacité en missiles lors de ce récent conflit. Nous disposons aujourd’hui de notre meilleure capacité de défense depuis 45 ans. Nous sommes prêts pour nous défendre sur le long terme. Nous pouvons nous prévaloir de connaissances en matière d’armes nucléaires, mais nos principes idéologiques nous interdisent de les utiliser. Les décisions des forces armées ne sont pas prises à la légère ; nous travaillons à l’élaboration de nos plans et dossiers. L’entité sioniste a concentré ses attaques sur les centres de sécurité le dernier jour de la guerre. Nous n’avons autorisé l’accès à aucune des villes touchées par les missiles”. — @ME_Observer_

À présent, seule une puissance de feu supérieure peut dissuader Israël. Si Israëlavait su que l’Iran dispose d’un stock d’armes nucléaires, il n’aurait jamais lancé son opération de « décapitation » en assassinant de nombreux scientifiques, chefs militaires et politiciens. C’est l’absence d’armes nucléaires qui a provoqué l’agression d’Israël. Les dirigeants iraniens doivent assumer la responsabilité de cet échec. S’ils avaient agi différemment et développé l’arsenal nécessaire à la défense du pays, la guerre de 12 jours n’aurait jamais eu lieu. La vulnérabilité apparente de l’Iran a incité Israël à l’aventurisme. Voici l’extrait d’un article publié mercredi par Reuters :

“Selon une source proche du dirigeant israélien, ce dernier souhaite recourir à la force pour faire plier Téhéran, et ce, jusqu’à l’effondrement du gouvernement. Netanyahu ne veut rien de moins qu’un modèle libyen pour l’Iran, a ajouté la source. En d’autres termes, l’Iran devrait non seulement démanteler complètement ses installations nucléaires et balistiques sous étroite surveillance, mais aussi renoncer à l’enrichissement d’uranium sur son sol, même à des fins civiles.

“Israël n’a que faire de la diplomatie, il cherche un changement de régime, ont déclaré des responsables occidentaux et régionaux. Et Netanyahu sait qu’il a besoin au moins du feu vert de la Maison Blanche, voire d’un soutien direct, pour mener d’autres opérations si Téhéran refuse de renoncer à ses ambitions nucléaires.

“Pour Israël, l’option par défaut est claire : une politique d’endiguement soutenue par des frappes périodiques pour empêcher toute reprise du programme nucléaire. Après sa guerre aérienne contre l’Iran, Israël se présente comme la puissance militaire incontestée de la région, plus disposé que jamais à recourir à la force et avec une capacité accrue d’agir avec précision et une quasi-impunité.

“Pour Netanyahu, il s’agit d’une opportunité stratégique fugace, qui exige des réactions rapides, au lieu de tergiverser. Selon lui, c’est maintenant qu’il faut frapper fort, avant que l’Iran ne se reprenne, a déclaré la source. US, Israel diverge on how to pursue Iran endgame after strikes, diplomats say — Reuters.

L’Iran représente le dernier obstacle au rêve sioniste d’un grand Israël s’étendant sur tout le Moyen-Orient, avec Jérusalem pour capitale. Netanyahu ne renoncera pas à l’ambition de toute une vie : vaincre l’Iran et prendre le contrôle de ce pays riche en ressources.

Conclusion : l’Iran n’a pas encore utilisé ses missiles balistiques les plus puissants. Il attend patiemment la prochaine attaque d’Israël pour déployer toute la puissance de ses missiles hypersoniques de pointe. N’espérons pas que cette confrontation se déroule selon un scénario progressif, avec des échanges de coups entre les deux camps comme lors d’un combat de boxe. Nous risquons plutôt de voir des nuées de missiles balistiques fendre le ciel nocturne et détruire toutes sortes d’infrastructures militaires et civiles : usines de dessalement, dépôts pétroliers, centrales hydroélectriques, réservoirs de stockage d’ammoniac, ports en eau profonde, aéroports internationaux, voire même Dimona.

Les dégâts pourraient être si colossaux qu’Israël ne survivrait plus en tant qu’“État moderne et fonctionnel”. L’existence d’Israël dépend entièrement du soutien des États-Unis.

Il est surprenant que les médias aient accordé si peu d’attention aux missiles balistiques de pointe de l’Iran. Après tout, ce sont ces armes qui ont contraint Israël à appeler à un cessez-le-feu, événement qui, a priori, devrait susciter davantage d’intérêt. Pour rappel, l’Iran est une superpuissance en matière de missiles balistiques et l’emporterait sans aucun doute dans une guerre conventionnelle contre Israël. Pour saisir l’ampleur des progrès technologiques réalisés ces dernières années, j’ai publié quelques liens vers des vidéos YouTube offrant un aperçu des capacités impressionnantes de Téhéran. (Il existe de nombreuses autres vidéos de ce type).

Les nouvelles technologies ont souvent joué un rôle décisif dans l’issue des guerres passées. De l’invention de la poudre à canon au développement des mitrailleuses et des chars pendant la Première Guerre mondiale, en passant par le radar et les avions modernes pendant la Seconde Guerre mondiale, jusqu’au perfectionnement des premières armes nucléaires, l’innovation technologique a joué un rôle déterminant dans le dénouement des conflits. La même règle s’appliquera ici aussi. L’Iran jouit d’un avantage décisif dans les domaines des missiles balistiques et des drones, qu’il utilisera pour faire pencher l’équilibre du pouvoir régional en sa faveur. Toutefois, si l’Iran semble être sur le point de remporter la victoire, Israël pourrait être tenté de recourir à l’arme nucléaire. Netanyahu a peut-être déjà envisagé cette possibilité et présenté ses considérations sur le sujet au président, suggérant à Trump de « prendre les devants » et de lancer une frappe nucléaire préventive contre l’Iran au nom d’Israël. Voici un extrait du dernier article de Philip Giraldi :

“J’ai ma propre théorie sur les raisons de la présence de Netanyahu à Washington et, mis à part le fait qu’il se fera abondamment lécher les bottes par Trump et quatre cents membres du Congrès corrompus et subornés, cela ne sera pas joli joli. Car voyez-vous, Bibi veut étendre l’hégémonie israélienne “des fleuves à la mer”, c’est-à-dire depuis l’Euphrate, le Litani et le Nil jusqu’à la Méditerranée. Ceci va exiger une opération de changement de régime en Iran pour éliminer cette nation ennemie, mais la récente guerre éclair contre les Iraniens a clairement montré qu’Israël ne peut y parvenir seul, à moins d’avoir recours à l’arme nucléaire, ce qui pourrait porter un coup fatal à la capacité de Tel-Aviv à traiter avec le reste du monde et signifierait facilement la fin de facto de l’État juif. Il doit donc convaincre un Donald Trump crédule de le faire à sa place, et est prêt à mentir copieusement sur la menace que représente l’Iran pour y parvenir”. Benjamin Netanyahu est de retour — The Unz Review.

Giraldi a raison : Bibi est à Washington pour entraîner les États-Unis dans une guerre avec l’Iran.

Reste à savoir si la guerre peut être évitée. La paix peut-elle être rétablie au Moyen-Orient ? Peut-on contraindre Israël à faire preuve de retenue et à s’en tenir à ses frontières ?

Oui, oui et oui. Mais certaines notions dépassées sur la non-prolifération nous empêchent d’explorer la mise en œuvre de solutions susceptibles d’être efficaces. La plus problématique de ces idées reçues consiste à croire que “l’Iran ne doit pas se doter de l’arme nucléaire”.

Cette croyance repose sur l’idée que, une fois en possession de l’arme nucléaire, l’Iran se lancera dans une campagne de destruction et anéantira Israël. Or, comme l’explique le géopoliticien John Mearsheimer, cette idée est totalement erronée. Prenons le temps d’examiner son analyse que John Mearsheimer, géopoliticien de renom, a qualifiée de “la plus importante contribution à la théorie des relations internationales des 50 dernières années”. C’est un éloge mérité pour l’auteur de l’article provocateur publié en 2012 dans Foreign Affairs et intitulé “Pourquoi l’Iran doit se doter de la bombe”. Waltz soutient qu’un Iran doté de l’arme nucléaire pourrait stabiliser le Moyen-Orient face au monopole nucléaire régional d’Israël. Voici ce qu’il en dit :

“La plupart des commentateurs et des décideurs politiques américains, européens et israéliens estiment qu’un Iran doté de l’arme nucléaire est le pire scénario possible. En réalité, ce serait probablement le meilleur, car le plus susceptible de rétablir la stabilité au Moyen-Orient.

“L’histoire montre que lorsque des pays disposent de l’arme nucléaire, ils se sentent paradoxalement de plus en plus vulnérables et prennent conscience que leurs armes font d’eux une cible potentielle pour les grandes puissances. Or, cette prise de conscience dissuade les États nucléaires de mener des actions agressives et risquées.

“Aucune autre région du monde ne compte à ce jour un seul État nucléaire sans surveillance. C’est l’arsenal nucléaire d’Israël, et non le désir de l’Iran d’en posséder un, qui a le plus contribué à la crise actuelle. Après tout, il faut veiller au juste équilibre des pouvoirs…” Why Iran Should Get The Bomb — Kenneth N. Waltz, Foreign Affairs, citations tirées de Grok.

Waltz poursuit, affirmant que

“le monopole nucléaire d’Israël a accru l’instabilité en lui permettant d’attaquer ses rivaux régionaux en toute impunité, forçant ses ennemis à développer leur capacité de défense. Selon lui, les tensions actuelles ne sont pas les prémices d’une crise nucléaire iranienne relativement récente, mais les dernières phases d’une crise nucléaire au Moyen-Orient vieille de plusieurs décennies, qui ne prendra fin que lorsque l’équilibre militaire sera rétabli”.

Il ajoute qu’un Iran doté de l’arme nucléaire renforcerait les moyens de dissuasion, évitant ainsi une confrontation avec Israël. Il affirme de manière convaincante qu’“il n’y a jamais eu de guerre totale entre deux États dotés de l’arme nucléaire”. En bref, un Iran nucléaire contribuerait à stabiliser et à pacifier le Moyen-Orient, mettant ainsi fin à cette effroyable période d’expansion sioniste entachée de carnages.

Voici un court extrait dans lequel John Mearsheimer déclare :

“Il ne fait aucun doute qu’un Iran doté de l’arme nucléaire apporterait la stabilité dans la région, car les armes nucléaires sont des armes de paix, des armes de dissuasion. Si l’Iran dispose d’une force de dissuasion nucléaire, les États-Unis ou Israël se garderont bien de le menacer, et si Saddam avait disposé d’armes nucléaires en 2003, les États-Unis n’auraient pas envahi l’Irak. Et si la Libye en avait eu en 2011, les États-Unis se seraient abstenus d’entrer en guerre. Si le Moyen-Orient comptait d’autres pays dotés de l’arme nucléaire, en plus d’Israël, la région serait plus pacifique”. — PBS News Hour, YouTube, à partir de 48 secondes.

Enfin, comme le suggère l’article de Reuters, Israël planifie déjà la prochaine phase de son offensive sanglante contre l’Iran. Rien n’indique que la menace représentée par le stock de missiles balistiques de l’Iran ait entamé la détermination d’Israël. Netanyahu et ses comparses sont plus que jamais désireux de reprendre les hostilités et d’infliger le plus de morts et de destructions possible à l’Iran. Une seule et unique chose peut compromettre le plan de Bibi d’attaquer l’Iran : l’arme nucléaire.

L’Iran doit agir vite, tant qu’il le peut encore.

À noter que Scott Ritter estime l’Iran est à quelques jours seulement d’acquérir l’arme nucléaire. Intel Roundtable, Scott Ritter, YouTube, 14 min 30 s.

Il affirme également que l’Iran est à quelques semaines du franchissement du seuil nucléaire., Consortium News.

*Source : unz.com

Traduit par Spirit of Free Spee

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