« Ce type de guerre à Gaza est un crime » Ehoud Olmert

INTERVIEW. L’ancien Premier ministre israélien accuse Benyamin Netanyahou de
poursuivre le conflit pour des raisons politiques. Et propose un plan de sortie de crise.


L’ancien Premier ministre israélien Ehoud Olmert lors d’une interview avec l’Associated Press dans son bureau de Tel-Aviv, en Israël, le 22 mai

Il a changé. Longtemps soutien de la guerre dévastatrice menée par Israël à
Gaza, en réponse aux massacres du Hamas du 7 Octobre, l’ancien Premier
ministre israélien Ehoud Olmert est désormais l’un des premiers pourfendeurs
de la reprise des hostilités par le gouvernement de Benyamin Netanyahou depuis
le 18 mars dernier, qui a fait au moins 4 335 morts côté palestinien, en majorité
des civils selon le ministère de la Santé aux mains du Hamas, mais dont les chiffres
sont jugés fiables par les Nations unies, sans pour autant permettre de libération
parmi la vingtaine d’otages israéliens encore en vie. Le seul otage américano-israélien libéré entre-temps l’a été à l’issue d’une négociation directe entre les États-Unis et le Hamas.

De passage à Paris pour participer, mardi 10 juin, au lancement du Atlantic Middle
East Forum (Amef), un centre de discussion stratégique qui a pour vocation de rassembler des responsables politiques américains, européens et moyen-
orientaux, cofondé par les chercheurs David Khalfa et Yasmina Asrarguis, Ehoud proposition politique conjointe qu’il a publiée l’an dernier avec l’ancien ministre
palestinien des Affaires étrangères, et neveu de Yasser Arafat, Nasser al-Qidwa.
Le Point : Pourquoi avez-vous changé d’avis sur la guerre menée par Israël à
Gaza depuis le mois de mars ?

Comment restez-vous optimiste sur la solution à deux États alors que celle-ci
semble aujourd’hui hors de portée ?
Cela m’aidera-t-il si je ne suis pas optimiste ? Cela aidera-t-il à changer la
situation au Moyen-Orient ? Si vous vous engagez dans une campagne aussi
difficile pour arriver à quelque chose qui n’a jamais été atteint auparavant mais
que vous croyez essentiel pour l’avenir de votre peuple, il faut être optimiste, et je
le suis.

cela va continuer. Si l’on se fie aux chiffres, 82 % des personnes [Israéliens, NDLR]
vivant de l’autre côté de la ligne verte, le long de celle-ci en Cisjordanie, habitent
dans les 4,4 % du territoire qui, dans le cadre de notre accord, fera partie de l’État
d’Israël, avec un échange de territoires équivalent. Par conséquent, la base de cet
accord territorial sera les frontières de 1967.

Comment accueillez-vous l’initiative d’Emmanuel Macron de reconnaître
unilatéralement un État palestinien, peut-être la semaine prochaine en marge de
la conférence internationale à New York coprésidée par la France et l’Arabie
saoudite ?
Je reconnais et soutiens l’initiative du président Macron d’organiser cette
conférence de l’alliance globale avec l’Arabie saoudite et d’autres pour promouvoir
la nécessité, la pertinence et l’urgence d’une solution à deux États. Maintenant, je
doute qu’il reconnaisse cet État palestinien. Par conséquent, je ne vais pas
anticiper quoi que ce soit à ce sujet.