Visite historique du ministre saoudien des Affaires étrangères en Cisjordanie occupée dimanche

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, lors d’une conférence de presse à Riyad, en Arabie saoudite, le 14 mai 2025. Photo REUTERS/Hamad I Mohammed

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, se rendra dimanche à Ramallah, en Cisjordanie occupée, une première visite d’un chef de la diplomatie saoudienne dans les Territoires palestiniens depuis 1967, a indiqué vendredi une source de l’ambassade palestinienne à Riyad.

Alors que la puissante monarchie du Golfe appelle à l’établissement d’un Etat Palestinien, Israël vient d’annoncer la construction de « l’Etat juif israélien » en Cisjordanie, et la création de 22 nouvelles colonies israéliennes dans ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, considérées comme illégales au regard du droit international.

« Une délégation ministérielle dirigée par le ministre des Affaires étrangères se rendra à Ramallah dimanche », a déclaré une source au sein de l’ambassade palestinienne à Riyad à l’AFP, en précisant qu’il s’agissait de « la première visite d’un ministre saoudien des Affaires étrangères dans les Territoires palestiniens depuis 1967 ».

Cette visite intervient également sur fond de guerre dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, et alors que l’ONU a averti vendredi que toute la population de ce territoire était menacée de famine.

Israël fait face à une pression internationale croissante concernant la guerre à Gaza et la situation humanitaire dans ce territoire, où un blocus de plus de deux mois, partiellement assoupli la semaine dernière, a entraîné de graves pénuries de nourriture, de médicaments et d’autres biens de première nécessité.

Avant la guerre, l’Arabie saoudite avait entamé des discussions avec Washington incluant une normalisation avec Israël, en échange d’un accord de sécurité et un soutien à son programme nucléaire civil.

Mais elle a conditionné depuis une telle démarche à l’établissement d’un Etat palestinien, éloignant la perspective d’un accord dans le contexte actuel.

En septembre 2023, peu avant les attaques du 7 octobre, Riyad avait envoyé une délégation de moindre rang à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne, sa première depuis 1967.

L’Arabie saoudite et la France doivent coprésider le 18 juin une conférence internationale à New York, au siège des Nations unies, visant à relancer la solution à deux Etats, israélien et palestinien.

Près de 150 pays reconnaissent l’Etat palestinien. En mai 2024, l’Irlande, la Norvège et l’Espagne ont ainsi franchi le pas, suivis par la Slovénie en juin. La solution à deux Etats reste toutefois rejetée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Le président français, Emmanuel Macron, a annoncé en avril que la France pourrait reconnaître un Etat palestinien lors de la conférence à New York qui pourrait mener, selon lui, à la reconnaissance d’Israël par un certain nombre de pays.

En visite à Riyad mi-mai, le président américain Donald Trump avait lui dit avoir « l’espoir fervent » que l’Arabie saoudite normalise ses relations avec Israël dans le cadre dit des « accords d’Abraham », signés par les Emirats, Bahreïn et le Maroc lors de son premier mandat.

« Mais vous le ferez à votre propre rythme » a-t-il ajouté.

Ces accords, qui ont rompu avec des décennies de consensus arabe excluant l’établissement de liens officiels avec Israël sans résolution de la question palestinienne, ont survécu au choc provoqué par la guerre meurtrière entre Israël et le Hamas palestinien. https://www.lorientlejour.com/