Neutralité du Liban 2020 : OPTIONS ET FORMULE ADEQUATE par Elias Masboungi
Depuis la proclamation de l’Etat du Grand Liban dont nous venons de célébrer le centenaire en présence du Président Emmanuel Macron, la neutralité du Liban a été mille et une fois évoquée et invoquée.
Des pourparlers libano-israéliens sur la délimitation des frontières maritime et terrestre des deux pays – engagés en 2020 annoncés par le président de l’Assemblée Nationale libanaise, M. Nabih Berri et pilotés par le Président de la République, le Général Michel Aoun et le gouvernement, conformément à la Constitution libanaise – pourraient marquer un grand pas vers la concrétisation de la neutralité du pays. De fait, une fois les frontières mutuellement reconnues, l’état de guerre et le statut de la résistance libanaise seraient dépassés et la neutralité libanaise pleinement légitimée.
Il ne resterait plus qu’à rechercher et à trouver la formule adéquate éventuellement inspirée par les modèles suisse et autrichien.
Déjà en 1982, sous l’occupation israélienne dont l’armée encerclait Beyrouth-Ouest, une formule de neutralité avait été concoctée sous l’égide de Washington pour mettre un terme à la guerre civile libanaise où résistaient des milliers de Palestiniens lourdement armés. Après avoir abandonné leurs camps de la périphérie de la capitale.
La presse et l’opinion publique internationales s’étaient alarmées dénonçant l’encerclement d’une capitale arabe par l’armée israélienne.
Une première qui a incité les USA et d’autres pays amis du Liban rechercher une formule de neutralité qui mettrait un terme aux affrontements avec l’OLP et ses alliés et permettrait l’évacuation des Palestiniens qui s’est finalement effectuée, comme on le sait, sous la protection des « marines ».
A l’époque, le super-diplomate Philip Habib et un autre envoyé, Morris Draper, étaient délégués sur place et planchaient avec des personnalités libanaises sur un statut qui permettrait au Liban de retrouver la stabilité et la maintenir dans le tumulte du Moyen-Orient.
Toujours en 1982, la France et l’Egypte avaient dans un communiqué conjoint appelé à la neutralité du Liban.
Pour Me Roger Eddé qui préside actuellement le parti libanais « As Salam » (La Paix), la neutralité à l’autrichienne convient le mieux au Liban puisque cette formule lui laisse sa liberté de choix en matière de politique étrangère et d’alliances. Il avait été en 1982 le principal interlocuteur libanais des envoyés US et avait rencontré à l’époque le Chancelier autrichien Bruno Kreisky pour mieux étudier la formule de neutralité adoptée par Vienne.
Aujourd’hui, c’est encore, Israël qui provoque la mise sur le tapis de la neutralité du Liban, et la gravité de la situation dans ce pays. Apportant un argument de plus à ceux qui estiment que seule une « neutralité à la libanaise » pourra sauver le pays et le mener à bon port. A réaliser après une décentralisation bien adaptée. Sous peine de marginalisation à un moment où des pays du Golfe tentent de réaliser avec Israël ce que le Liban n’a pu leur apporter. C’est du moins ce qu’ils disent et font dire….
Avec Me Eddé, nous avons réuni dans ce dossier de précieux documents dont des déclarations et articles signés par des personnalités et journalistes connus sur la neutralité du Liban, sujet qui revient au premier plan avec l’adhésion et le soutien de patriarche maronite, Mgr Béchara Boutros Rahi.
Notre dossier sur la neutralité comprend des documents en français, arabe et anglais qui permettront de mieux connaître les diverses formules et de privilégier l’option libanaise adéquate.
Au sommaire : un article en langue arabe signé par le Dr Nabil Khalifé lors d’un entretien approfondi avec Roger Eddé, des extraits de «minutes » d’une conférence sur la neutralité du Liban intitulée « The Challenge of Lebanon » organisée à la Chambre des Représentants à Washington en mai 1982 (avec une intéressante intervention à la tribune de Me Eddé), une interview , toujours de Roger Eddé au « Baltimore Sun » en juillet 1982 et une analyse signée par le chercheur Claude Khoury » parue à la même époque sur les pages de « Politique Internationale » et un commentaire pertinent du regretté Jacques Barrot, grande figure politique française.
Plus récemment Me Carol Saba, avocat et analyste politique franco-libanais vient compléter notre dossier en plaidant pour une neutralité « à la libanaise » du fait de la spécificité du pays du Cèdre.