L’Iran et l’accord de Vienne : satisfaction et prudence à Paris

WP1-Orient le JourL’accord de Vienne : SATISFACTION ET PRUDENCE A PARIS et Difficile offensive des entreprises françaises du fait de la rigueur politique de leur pays

WP1-diplomatieEn pleine célébration du 14 juillet et au milieu du débat politique sur la crise grecque, l’accord sur le nucléaire iranien annoncé ce matin dans la capitale française a trouvé une place au premier plan de l’actualité.

De l’Elysée à  la rue en passant par le Quai d’Orsay et l’Assemblée Nationale, la France et les Français ont accueilli favorablement la signature du document en tant que signe de détente tant au niveau de la tragédie que vivent les pays du Moyen-Orient qu’à l’égard du phénomène du terrorisme devenu depuis un certain un danger réel en Europe et dans le monde.

A peine rentré du défilé militaire, le Président Hollande s’est entretenu avec Barack Obama pour rendre hommage aux efforts des négociateurs qui ont cherché pendant de longs mois, a-t-il dit, un accord sérieux et vérifiable. Il a souligné que, désormais, le temps des discussions était terminé et que venait celui de l’action.

Le chef de l’Etat a affirmé lors de son entretien  avec la Maison Blanche que le processus mis en place comprend des limitations claires au programme nucléaire iranien, un système de contrôle robuste et la possibilité de rétablir les sanctions en cas de violation des engagements, ce qui rejoint les thèses du Président US.

Dans un communiqué rendu public à ce sujet, le Chef de l’Etat français  a a ajouté qu’il appartient désormais à l’Iran de mettre en œuvre, dans le calendrier qui a été établi, l’ensemble des mesures prévues et que la France, avec ses partenaires, veillera de bonne foi et avec rigueur au respect de cet accord.

Et le communiqué de conclure : « Le résultat obtenu éloigne le risque pour la sécurité régionale et internationale que représente la prolifération nucléaire. Il est primordial que l’Iran puisse maintenant devenir un acteur responsable de la stabilité de son voisinage. »

Même son de cloche au Quai d’Orsay qui, parallèlement à une brève déclaration du ministre Laurent Fabius qui s’est félicité de la conclusion de l’accord de Vienne, les services de la maison ont diffusé une sorte d’explication de textes qui reprend les divers points de l’accord sous trois titres, à savoir :

  • Des limitations aux capacités nucléaires iraniennes pour bloquer l’accès à l’arme nucléaire.
  • Des mesures de transparence pour vérifier le programme nucléaire iranien.
  • Encadrement de la levée des sanctions afin de garantir le respect des engagements de l’Iran.

Le document répond à de nombreuses questions que l’on pourrait se poser sur les points de détail tels que la voie uranium sous l’angle des restrictions qui garantissent une durée de « breakout » d’au moins un an pendant dix ans, la voie plutonium avec les restrictions qui garantissent que l’Iran ne pourra pas acquérir le plutonium nécessaire à une arme, la transformation du réacteur d’Arak qui ne pourra plus produire de plutonium en quantité et qualité militaires.

Les autres points du document du Quai d’Orsay portent sur le protocole additionnel et code modifié, les mesures renforcées  de transparence et d’accès, la levée progressive des sanctions économiques et la création de la commission conjointe qui sera créée afin d’assurer le suivi de la mise en œuvre de l’accord à long terme et de régler les différends entre les parties.

Enfin le document rappelle le calendrier convenu jusqu’au début de la mise en œuvre de l’accord.

L’AMBASSADE D’IRAN 

Du côté de l’ambassade d’Iran – qui avait prédit la semaine dernière que les négociations de Vienne aboutiront à un accord autour du 14 juillet – on exprime une satisfaction et un sentiment de fierté d’avoir réussi à dissiper le dote qui régnait dans la communauté internationale, doute qui était à la base des longueurs et délais qui ont ponctué les négociations avant Vienne et après.

Il appartient au peuple iranien de discuter et de se prononcer sur cet accord, a déclaré un diplomate, comme cela se passe dans tous les pays, avec les nuances et même des divergences d’opinion.

OUVRIR UNE NOUVELLE PAGE AU MOYEN-ORIENT ET REGLER LE CONFLIT EN SYRIE

Dans les milieux parlementaires, seul un député, M. Gérard Bapt, président du groupe d’amitié France-Syrie à l’Assemblée Nationale, a commenté l’accord de mardi matin en ces termes :

« Je salue l’accord historique auquel sont parvenus les représentants des états engagés dans la négociation sur le nucléaire iranien. Il reste aux parlementaires concernés, notamment US, à accepter le compromis issu de longues négociations, auquel la fermeté française exprimée par Laurent Fabius donne sa crédibilité. Cet accord doit permettre d’ouvrir  un e nouvelle page du Moyen-Orient : il s’agit aussi de la recherche d’accords humanitaires  pour soulager les souffrances civiles. Il s’agit enfin d’agir pour une solution politique en Syrie, la seule voie pour assurer la stabilité et la sécurité du Liban. Enfin, la perspective d’un compromis historique entre les états sunnites et l’arc chiite, assurant les droits des minorités, est la voie à rechercher pour restaurer une stabilité régionale et assurer la défaite de Daech.

Dans les cercles économiques français, on espère avec la prudence qui s’impose, le succès de la mission d’une délégation du MEDEF qui doit se rendre à Téhéran pour reprendre contact avec les organismes et entreprises du pays au sujet de divers projets et accords interrompus par les mesures à l’encore de l’Iran.

Des observateurs neutres et indépendants laissent entendre à ce sujet que les quarante délégués du MEDEF auront du mal à rétablir les liens avec leurs ex-partenaires iraniens ou avec les autorités de ce pays en raison  de la rigueur de la politique française au cours de la crise.

« Ils risquent d’arriver trop tard, a commenté un homme d’affaires parisien, nos concurrents italiens, espagnols, allemands et même américains se trouvent sur place depuis des mois, voire des années »…