LE LIBAN OU L’INTERMINABLE ÉTAT DE SURVIE

A regarder tous les soirs les norias de missiles dans le ciel, les Libanais n’auront pas pour autant réussi à sauver leur tête. 

Un verre d’arak à la main pour les uns, un mouchoir dans la paume des autres, ils espèrent après deux semaines de guerre absurde une accalmie porteuse de lendemains meilleurs.

Qui a gagné ? Qui a perdu? 

Difficile de le savoir après ce genre de conflit où le pire n’est pas encore là du fait du triomphalisme des uns et de la frustration des autres. 

Car il y a dans l’incorrigible pays du cèdre plus iraniens qu’en Iran et plus d’Israéliens qu’en Israël. Comme ce fut le cas dans le passé pour les plus Ottomans que les Turcs d’Istanbul et plus français que les Français du mandat. Ou plus de nassériens que dans les rues du Caire, plus Palestiniens que les Fedayine du Fatahland et enfin, plus Syriens que les riverains du Barada.

Même ceux qui rêvent encore d’un « Liban Pérou » peuvent ignorer les stigmates encore là puisqu’elles datent depuis du 7 octobre de Gaza et de l’entrée dans l’arène du Hezbollah.

La haine qu’éprouvent les deux principales composantes du pays pourrait ouvrir un nouveau front si les élites et les sages n’intervenaient pas pour expliquer aux uns et aux autres qu’une telle guerre mettrait fin aux espoirs de la « terre de lait et de miel ».

S’ajoutent à ce triste tableau la corruption galopante, le clientélisme destructeur et le communautarisme assassin. Autant de maux qu’on n’a même pas pu atténuer depuis la proclamation il y a cent ans du « Grand Liban » pour instaurer un embryon de citoyenneté.

Dans un livre intitulé « Liban :Etat de survie » signé Fouad Khoury-Hélou, directeur du journal, lui aussi centenaire, « L’Orient-Le Jour » le Liban est conté dans le plus pur style « thriller» où l’on trouvera les causes du mal et les signaux d’alerte qui ont commencé à sonner depuis les deux derniers siècles.

                                                                                                               E.M.