LES MILLIARDS DU ROI : LIBEXIT
Le feuilleton du contrat saoudo-franco-libanais des 3+1 milliards de dollars, d’aide militaire au Liban, négocié en 2013 et plus connu ici sous le titre « Les Milliards du Roi » connaît un spectaculaire rebondissement qui pour le Liban signifie en fait un triste épilogue.
A Paris, les autorités concernées par ce méga-contrat d’armement ont pris connaissance de ce revirement saoudien à l’égard du Liban sans s‘inquiéter outre mesure de l’aspect financier de ce deal.
En fait, alors que le ministère des Affaires étrangères et de la Défense se cantonnaient hier dans un mutisme total refusant nettement de réagir sur l’éviction du Liban de l’accord tripartite qui allait permettre à notre armée de s’équiper pour continuer se battre en première ligne contre Daech, des milieux diplomatiques bien informés et concernés laissaient entendre ce qui suit.
L’annonce saoudienne de priver le Liban de cette aide militaire ne concerne pas la partie française qui, après avoir obtenu le premier paiement sur ce contrat et les assurances sur la suite, continue à produire le matériel convenu par les huit entreprises d’armement pressenties par l’ODAS qui affiche « business as usual »…
Autrement dit, cet armement n’ira pas au Liban mais il est en cours de production sans que l’on sache quel pays en sera le bénéficiaire.
De source militaire, on apprend que ce revirement saoudien ne remet pas en question l’accord stratégique franco-libanais dont parle le ministre de la Défense, M. Jean-Yves le Drian depuis qu’il s’était rendu à Beyrouth le 19 avril 2015 pour livrer les 48 batteries de missiles Milan prélevées sur les sticks de l’armée française.
Lors de ce voyage à Beyrouth où il était accompagné par un groupe restreint de journalistes, le ministre avait affirmé que l’accord tripartite scelle en fait une « alliance stratégique franco-libanaise et que la France se tiendra de ce fait aux côtés des forces armées libanaises dans leur combat contre le terrorisme ».
A une question sur ce que ferait la France en cas de grande offensive de « Daech », par exemple dans le nord de la Békaa avant la livraison des armes françaises – dont les délais étaient estimées à l’époque à 4 ans et demi (période prolongée plus tard à cinq ans et demi) – le ministre s’était contenté de répondre : « Nous avons maintenant un accord stratégique avec le Liban ». Refusant d’en dire plus lorsqu’un de nos confrères lui avait demandé si nos soldats recevraient alors l’armement nécessaire, à valoir sur les stocks des armées françaises.
Motus également à Paris sur le 4e milliard promis par feu le roi Abdallah, mis à la disposition de Saad Hariri et destiné à l’achat d’armes et d’équipements pour les FSI ainsi que d’avions d’attaque au sol de type A29 Tucano.