LES FRUITS DE LA DESUNION, par Elias MASBOUNGI

 

Qui sème l’insouciance récolte la décadence.

Qui tolère la corruption subit l’indignation.

On peut continuer sur ce train mais tout le monde le sait et le fait.

Un siècle de querelles tribales, de crises, conflits, guerres civiles et inciviles, des décades de simulations et de mensonges, illusions et désillusions ne pouvaient qu’aboutir à la triste réalité du Liban d’aujourd’hui.

Cette contrée qui se voulait nation et patrie, ces hommes qui se voulaient et se voyaient même citoyens ont laissé faire, laissé vivre et survivre dans une criminelle indifférence.

La conséquence logique de cette vie au dessus de ses moyens –  et  souvent des moyens des autres –  ne pouvait être qu’une faillite totale, une descente aux enfers, programmée par les uns et ignorée par les autres.

Aujourd’hui complaintes et lamentations se suivent et ne se ressemblent pas.

La triste réalité fille de l’inconscience va choquer les uns et faire pleurer les autres.

 

Et il ne faut être ni devin ni prophète pour admettre que c’est la fin d’un rêve, le début d’un réveil douloureux.

Tel un « fou de village » un voyou de quartier, le Liban sera fatalement abandonné.

Ingérable, imprévisible, incontrôlable, il sera confié à un tuteur voisin botté et, au mieux, à quelque mandataire désigné. Suivez le regard des uns et écoutez le murmure des autres.

Il était et reste un assemblage de « millets », ce terme turc dont la signification va de tribu à peuplade.

Les Grands de ce monde ont déjà leur idée et, pour être clair, les puissances connues s’entendront un jour – si ce n’est fait –  sur une formule qui mettra de l’ordre entre ces cimes enneigées et ces eaux azuréennes. Un ordre qui sera accepté par ceux qui connaissent la botte et le fouet et les honnêtes gens, ceux qui partiront sous des cieux plus cléments pour fuir l’insoutenable, l’inaccepable, l’intolérable.

L’Histoire ancienne et proche a connu de telles tragédies et les exemples ne manquent pas.