Après un entretien privé avec François Hollande : LE PRESIDENT SLEIMANE PARLE D’UN « GENEVE 3 » ET D’UNE SORTIE DE CRISE AU LIBAN
Le Chef de l’Etat français aurait retardé sa visite à Beyrouth
Après avoir été reçu à titre privé, vendredi à l’Elysée par François Hollande, le Président Michel Sleimane a rencontré samedi au « Prince de Galles » un groupe restreint de correspondants libanais et arabes. Entretien de plus de deux heures au cours duquel l’ancien Chef de l’Etat a rendu compte et sa rencontre de la veille avec le Président français qui lui a fait part de son intention de se rendre prochainement au Liban. « Je ne l’ai pas encouragé à venir chez nous », a indiqué le Président Sleimane qui a expliqué qu’il avait néanmoins remercié son interlocuteur pour son projet de venir au pays du Cèdre, à une date (qu’il a décidé de retarder …) afin de s’enquérir de la situation sur place, sous le triple angle de la lourde présence des réfugiés syriens, de la crise institutionnelle et des pertes énormes subies par le Liban du fait de la guerre en Syrie, pertes estimées déjà en 2013 à 7,5 milliards de dollars et revues aujourd’hui à hauteur de 11 milliards.
Ces entretiens avec les grands de ce monde deviennent embarrassants, a confié notamment le Président, dans la mesure où ils nous demandent toujours ce qu’ils peuvent faire pour le Liban et que nous évitons de dire que nous sommes incapables de parvenir à une entente minimale sur les questions essentielles.
Abordant, en réponse aux questions des journalistes, la conjoncture libanaise et régionale, le Président Sleimane a estimé que nous sommes à la veille d’un « Genève 3 », qui engagerait la Syrie sur la voie d’une solution politique et que le Liban « ne doit pas rester sur le bord du chemin ». Et M. Sleiman d’expliquer que si les Libanais et ses amis dans le monde ne prenaient pas les mesures qui s’imposent, le Liban subirait encore une fois les effets d’un éventuel règlement de la crise syrienne.
Le Liban a subi de lourdes pertes du fait du conflit en Syrie, a encore souligné l’ancien Chef de l’Etat libanais et le Liban devrait faire partie de la solution en Syrie, ne serait-ce que par la délimitation précise de la frontière entre les deux pays et par l’élargissement des dispositions de la résolution 1703 du Conseil de Sécurité relative au contrôle de nos frontières.
« Il y a aussi la reconstruction de la Syrie à laquelle nous devons être partie prenante » a poursuivi le Président Sleimane qui est revenu sur la question du préjudice subi par notre pays du fait de la guerre en Syrie en insistant sur le fait que nous avons droit à des indemnisations.
Au chapitre de la détente ressentie dans le monde et dans notre région depuis la signature de l’accord sur le nucléaire iranien, le Président Sleimane a estimé qu’une nouvelle ère s’est ouverte après cette signature et que cela ne peut que se répercuter positivement sur le Liban. Dans la mesure, a-t-il expliqué que chacun des acteurs régionaux assumera pleinement son rôle dans la crise régionale et que la solution au Liban sera plus accessible. Il a rappelé à cet égard qu’une concertation internationale sur le Liban est sur le point de s’ouvrir aux Nations Unies et qu’elle devrait faciliter le déblocage de notre crise interne avec pratiquement une prochaine élection présidentielle et une vision plus claire de la reprise du rôle du Liban sur la scène politique régionale et du retour de la stabilité dans le pays.
Abordant la crise politique interne par le biais du dialogue national actuellement en cours, l’ancien Président de la République a recommandé que ces rencontres accordent la plus grande priorité à l’élection d’un nouveau Président qui ne peut qu’être consensuel et qui pourrait assumer les plus hautes responsabilités avec en priorité l’élaboration d’une loi électorale adéquate qui assurerait une présentation parlementaire authentique seule garante, a-t-il insisté, d’une vie démocratique réelle.
Au sujet de l’Assemblée actuelle, le Président Sleimane a affirmé qu’elle est légale et constitutionnelle mais qu’elle n’est pas conforme aux règles de la démocratie comme pour insinuer que les députés actuels peuvent élire un nouveau Chef de l’Etat qui entreprendrait les réformes indispensables que l’on sait.
Sur l’élection d’un Président au suffrage universel, Michel Sleimane a dit qu’il acceptait ce principe à condition que cette élection n’impose pas un candidat appartenant à la communauté maronite afin de laisser l’électeur libre de choisir le meilleur des postulants, quitte à procéder par la suite à des ajustements pour sauvegarder l’équilibre confessionnel au niveau des hautes charges étatiques.
Enfin, interrogé sur son avenir politique, le Président Sleimane a annoncé le lancement prochain d’un mouvement (et non un parti) qui réunirait des personnalités et de simples citoyens de diverses familles spirituelles et des représentants de la société civile pour réfléchir et agir en vue d’un véritable renouveau libanais.
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