La Turquie lance le TCG Anadolu, un curieux porte-avions sans pi

Par quoi remplacer des F-35C, version marine et embarquée de l’appareil de Lockheed Martin, lorsque votre pays s’est fait bouter du programme par les États-Unis?

Pour la Turquie, trouver une réponse devenait un besoin des plus pressants: depuis près d’une décennie, le pays développe le plus gros navire de sa flotte, le navire d’assaut amphibie et accessoirement porte-aéronefs TCG Anadolu, initialement centré autour de l’aéronef américain.

Comme le détaille Insider, le navire est un relativement gros pépère: d’une longueur de 232 mètres, il est doté d’un pont de 5.440 m2. Marquant la volonté de projection du gouvernent turc, TCG Anadolu devrait être accompagné d’autres bateaux amphibies (les TCG Bayraktar et TCG Sancaktar), dont le rôle sera de projeter quant à eux des hommes et chars lourds.

Mais que projeter du pont d’un porte-avions lorsque l’on ne dispose pas des engins ad hoc? Les F-35C étant retenus aux États-Unis malgré la participation active de la Turquie dans le programme et à la suite de l’acquisition par Ankara d’un système antiaérien russe S-400, le TCG Anadolu aurait pu se transformer en porte-hélicoptères.

Puissance catapultée

Mais ce n’était pas suffisant pour les ambitions de projection des armées turques. Ankara peut en outre compter sur une industrie de la défense et en particulier aéronautique en développement rapide. Ses drones militaireson pense notamment au Bayraktar TB2, font des merveilles, en Ukraine par exemple.

La logique était alors toute trouvée: le TCG Anadolu sera un porte-avions sans pilote, une curiosité de la guerre moderne qui pourrait faire de nombreuses émules. En lieu et place des F-35C, le navire devrait emporter des Bayraktar TB3, la version embarquée du TB2, encore en développement.

Le TB3 n’est néanmoins pas la seule option possible pour équiper le TCG Anadolu d’aéronefs armés. Le Kızılelma, bien plus musclé que le TB3 avec une vitesse de croisière de Mach 0,6, une capacité d’emport de 1,5 tonne et un certain degré de furtivité, a effectué son second vol contrôlé fin décembre 2022, puis un second il y a quelques semaines.

Selon Haluk Bayraktar, patron de la firme du même nom, il a été conçu pour pouvoir être catapulté du pont du TCG Anadolu, sur lequel il pourra également atterrir, arrêté par des brins comme un avion embarqué classique.

Au total, y compris les quelques hélicoptères qui devraient meubler son pont, l’Anadolu devrait être capable de porter quatre-vingt-quatorze appareils, selon le ministre de la Défense turc Hulusi Akar. Dix à quinze drones pourraient être opérés en même temps par des équipes spécialisées à bord.

Une capacité de projection plus que notable, alors que le pays cherche à accroître sa sphère d’influence en Méditerranée et au-delà. «Nous continuerons ces efforts jusqu’à ce que nous devenions la plus grande flotte dans la région et dans le monde», avait déclaré Recep Tayyip Erdoğan après d’importants exercices en Méditerranée, dans la mer Égée et en mer Noire, illustrant la nouvelle doctrine marine du pays nommée «Blue Homeland».