
En troquant la vareuse kaki du guerrier contre le veston-cravate présidentiel, Ahmed Al-Chareh a adressé un triple message à ses concitoyens, au monde arabe et à l’opinion internationale. Le premier étant le signal fort de son auto-proclamation à la tête de l’Etat comme pour rassurer le citoyen habitué depuis l’indépendance aux coups de main des militaires et enfin son discours évoquant la «diversité, la promesse d’élections et une constitution dont les préparatifs seraient déjà en cours. Tout cela dans un délai de trois à quatre ans.
Trop long pour ceux qui voient les assassinats et lynchages de rue au nom de l’islam ou de la libération de la dictature mais aussi trop court pour qui veut doter le pays de structures modernes et pérennes.
Projet ambitieux et aussi pari risqué…
Ambitieux si l’on mesure l’énormité de la tâche dans un pays en pleine mutation.
Ambitieux également le fait d’inspirer confiance au peuple en expliquant aux légions islamistes qu’il est temps de penser et d’agir autrement.
Pari risqué que celui de rétablir la paix civile sans réprimer ou même sacrifier ses compagnons encore lâchés dans la nature pour rétablir l’ordre à leur manière, mettre fin aux exécutions sommaires quotidiennes imputées à des « éléments incontrôlés ».
A tout cela s’ajoute la volonté d’effectuer des visites officielles en mettant de l’ordre dans la maison. Déplacement de toute urgence à Ryad pour obtenir un soutien financier la levée des sanctions imposées à l’ancien régime.
La grande priorité étant de mettre fin à l’anarchie régnante qu’on ne peut plus cacher en muselant les médias qui communiquent aujourd’hui à la vitesse du son et de la lumière.
Reste la question essentielle : la Syrie peut-elle aujourd’hui se doter d’un régime démocratique avec les turbulences d’une région en mutation.
Il faut l’espérer et le souhaiter pour un peuple qui le mérite.
E.M.