FARHAT HORCHANI PARLE DU « MUR » ENTRE SON PAYS ET LA LIBYE

WP1-Orient le JourMinistre tunisien de la Défense : FARHAT HORCHANI PARLE DU « MUR » ENTRE SON PAYS ET LA LIBYE – L’ouvrage sera renforcé par un dispositif électronique de détection et de surveillance

Tunis, d’Elie MASBOUNGI

Ministre-Défense-OLJ© Photo Agence Al Markazia – Joseph Kassis

Recevant un groupe restreint de journalistes, le ministre tunisien de la Défense, M. Farhat Horchani, a déclaré que le mur en cours de construction à la frontière tuniso-libyenne, sur 180 kilomètres des 500 kilomètres qui séparent les deux pays, ne vise qu’à intercepter des terroristes qui entrent en Tunisie et  à neutraliser le trafic d’armes entre les deux pays. Le ministre a indiqué qu’il s’agit en fait d’un dispositif en terre de deux mètres doublé côté tunisien d’un  fossé continu de deux mètres de profondeur rempli d’eau « où l’on trouve certains matins, a-t-il dit, des véhicules abandonnés ».

Le ministre a ajouté que ce dispositif, qui sera renforcé par des équipements électroniques sophistiqués dont des radars, des caméras thermiques et autres matériels  de contrôle et de surveillance, a été mis en place pour faire face au danger provenant de Libye où l’Etat n’existe plus depuis le chute du régime Kadhafi et le chaos qui règne dans le pays où se trouvent d’énormes quantités d’armes appartenant à des groupes incontrôlés dont des organisations terroristes connues.

Par ailleurs, M. Horchani a affirmé que le terrorisme veut entraver le processus démocratique en Tunisie et faire passer dans les deux sens de jeunes Tunisiens enrôlés pour se battre en Syrie ou ailleurs.

Notre rencontre avec le ministre coïncidait avec des informations faisant état de deux à trois cent de ces jeunes qui auraient reçu l’ordre de quitter la Syrie et de se rendre en Libye. Ce qui, pour les responsables de Tunis représente un double danger du fait de la présence de ces terroristes dans la zone frontalière et de leur éventuel retour dans leur pays pour y perpétrer des attentats. Comme celui qui avait pris pour cible deux jours auparavant le député Ridha Charfeddine, membres du parti loyaliste « Nidaa Tounès » dans la région de Sousse.

Pour en revenir à notre entretien avec le ministre qui s’est déroulé dans son bureau près de la Médina, il nous a permis d’apprendre que l’armée tunisienne n’est pas formée et équipée pour une guerre asymétrique telle que celle qui l’oppose au terrorisme et que des « pays amis » aident la Tunisie pour avoir des équipements adéquats. La France ayant offert parallèlement une assistance en matière de formation, dans les domaines de l’armement de l’équipement et du renseignement.

« Notre pays est pacifique », a encore dit M. Horchani qui a précisé que le danger terroriste vient aussi bien des zones frontalières désertiques et maritimes avec la Libye que des montagnes de « Chaanibi » (limitrophe de l’Algérie) dont certaines sont devenues des sanctuaires pour des terroristes tunisiens qui commettent des attentats dans leur propre pays.       

Après avoir rappelé que le budget de défense de son pays est limité (7 pour cent du budget de l’Etat), le ministre a dit que son pays fait partie de la coalition internationale  qui se bat contre le terrorisme et que ce fléau menace non seulement les pays méditerranéens mais aussi l’Europe et le monde.

Dans cette bataille anti-terroriste que livre l’armée tunisienne, M. Horchani (qui est professeur d’université) il s’agit d’user non seulement des armes proprement dites mais aussi de traiter l’origine du terrorisme aux niveaux social et politique si possible dans le cadre d’une stratégie mondiale comparant les réseaux terroristes  à des « mauvaises herbes qu’il faut arracher et qui parfois poussent à nouveau ».