Europe 1 – Liban : « La France ne peut pas rester les bras croisés », juge Maurice Gourdault-Montagne

Liban : « La France ne peut pas rester les bras croisés », juge Maurice Gourdault-Montagne

Invité du « Grand entretien » d’Europe 1 avec Charles Villeneuve, dimanche,

le diplomate Maurice Gourdault-Montagne récuse tout besoin d’ingérence de la France au Liban, pays en crise politique, économique et sociale. Il estime néanmoins qu’une action est nécessaire dans ce territoire, « point de stabilité » dans la région.

ANALYSE

C’est l’une des images qui resteront du mandat d’Emmanuel Macron en matière de politique étrangère : le chef de l’État français rencontrant les Libanais dans les rues de Beyrouth, deux jours après l’explosion survenue dans une partie du port. Lors de cette visite, le président français a imposé un ultimatum au 1er septembre à la classe politique libanaise, dont il a ouvertement dénoncé la corruption. Un comportement justifié, selon le diplomate Maurice Gourdault-Montagne, ancien secrétaire général du Quai d’Orsay de 2017 à 2019. « La France ne peut rester les bras croisés devant dans ce qu’il se passe au Liban », estime-t-il sur Europe 1, dimanche.

Lors de cette visite, Emmanuel Macron a rencontré des Libanais qui l’ont enjoint à chasser la classe politique actuelle du pouvoir, dont de nombreux Libanais dénoncent l’incurie. « Il ne s’agit pas d’imposer quoi que ce soit », relativise Maurice Gourdault-Montagne au micro de Charles Villeneuve dans le « Grand entretien » d’Europe 1. « Il s’agit de mettre en face de leurs responsabilités un certain nombre de responsables pour leur dire ‘faites quelque chose, nous serons à vos côtés' », affirme l’ancien « sherpa » de Jacques Chirac, selon qui « il n’y a jamais eu de réforme dans ce pays ».

Macron « dans les pas de Chirac »

Dans ce contexte de contestation d’une partie du peuple, qui menace de pendre les dirigeants au pouvoir, « la France est prête à fédérer et à catalyser, parce qu’elle a cette antériorité dans la relation avec le Liban ». Le risque, pointe le diplomate, est de voir ce pays autrefois riche sombrer dans la misère et basculer dans la guerre civile. « Si le Liban se désintégrait, ce serait un impact gravissime sur l’ensemble de la région », avertit l’ancien ambassadeur de France en Chine. C’est la raison pour laquelle « la France, pays méditerranéen, pays lié au Liban depuis toujours, ne peut rester les bras croisés devant dans ce qu’il se passe au Liban en ce moment ».

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Avec Emmanuel Macron, la France continue d’avoir une politique active au Liban, pays dont une diaspora de 50.000 ressortissants vit aujourd’hui dans l’Hexagone. « Le président de la République se pose dans les pas de beaucoup de ses prédécesseurs, le dernier étant Jacques Chirac », analyse Maurice Gourdault-Montagne.

Et si « le Liban doit être un point de stabilité » dans la région du Proche-Orient, « il est hors de question de parler d’un nouveau mandat, d’interférences ou d’ingérence », car les temps ont changé. « Il y a suffisamment de responsables compétents au Liban pour qu’ils prennent en main leur propre destin », conclut le diplomate.