BFM TV : PEGASUS: AVANT MACRON, D’AUTRES PRÉSIDENTS FRANÇAIS ONT FAIT L’OBJET DE TENTATIVES OU FAITS D’ESPIONNAGE

En 2015, des documents révélés par Wikileaks avaient mis au jour des pratiques provenant des États-Unis qui avaient visé Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande.

Par Clarisse Martin avec AFP

Espionner un président de la République française: les faits sont graves, mais pas inédits dans l’histoire contemporaine. Mardi, il a été révélé que l’un des numéros d’Emmanuel Macron figurait sur une liste de potentielles cibles du logiciel Pegasus, auquel ont recours certains États à des fins d’espionnage. Une question se pose à partir de là: le locataire de l’Elysée a-t-il été espionné et ses communications interceptées?

Le Monde et Radio France, qui font partie du consortium de 17 médias ayant eu accès à cette liste obtenue par le réseau de journalistes Forbidden Stories et l’ONG Amnesty International, ont révélé mardi que ces numéros, dont celui de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe et de 14 membres du gouvernement, figurent « dans la liste des numéros sélectionnés par un service de sécurité de l’État marocain, utilisateur du logiciel espion Pegasus, pour un potentiel piratage ». Ce que le royaume chérifien conteste.

« Toute la lumière sera faite », promet l’Élysée

« Si les faits sont avérés, ils sont évidemment très graves. Toute la lumière sera faite sur ces révélations de presse », a réagi l’Élysée dans la foulée.

Mardi, en amont des révélations concernant Emmanuel Macron, interrogé par les députés lors de la séance de questions au gouvernement sur la présence de journalistes et politiques français dans la liste Pegasus, le Premier ministre Jean Castex était resté évasif et avait indiqué que des investigations étaient en cours pour vérifier « la matérialité » des faits allégués mais que, pour l’heure, les investigations n’avaient « pas abouti ».

Cette liste aurait été dressée depuis 2016 et comporterait quelque 50.000 numéros de téléphone sélectionnés par les clients de NSO, l’entreprise israélienne qui commercialise le logiciel Pegasus.

S’il n’est à ce stade pas établi que les communications d’Emmanuel Macron ont effectivement été espionnées par une puissance étrangère, cela ne serait pas la première fois si telle était la réalité.

Un précédent avec les États-Unis

En 2015, sous la présidence de François Hollande, des documents avaient été publiés par Libération et Mediapart, en partenariat avec Wikileaks, établissant que les renseignements américains avaient écouté les trois prédécesseurs de l’actuel occupant de l’Élysée, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, entre 2006 et 2012. Nicolas Sarkozy avait été élu en 2017 et François Hollande en 2012. La pratique aurait au moins perduré jusqu’à mai 2012, soit peu de temps après l’arrivée du socialiste au Château.

Ces documents classés « top secret », étaient composés de cinq rapports de la NSA regroupés sous l’appellation « Espionnage Élysée », se fondant sur « du renseignement d’origine électromagnétique, les interceptions de communications », indiquait Libération. Deux d’entre eux auraient eu vocation à être partagés au sein de l’alliance des services de renseignement entre les États-Unis, l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni.

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