Une conférence ministérielle internationale, à laquelle étaient conviés les ministres des Affaires étrangères, s’est tenue jeudi dernier à Tripoli en présence de représentants d’une trentaine d’Etats pour consolider le processus de transition en Libye, à deux mois d’une élection présidentielle cruciale pour l’avenir du pays.
Le ministre français est arrivé jeudi à Tripoli pour prendre part à la conférence de soutien à la stabilité de la Libye
Emmanuel Macron accueillera à Paris le 12 novembre prochain une conférence internationale pour la Libye
Jean-Yves Le Drian, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, est arrivé jeudi à Tripoli pour prendre part à la conférence.
Lors de son intervention, le chef de la diplomatie française a souligné que «les progrès réalisés sur les plans politique et sécuritaire sont remarquables» et que «les autorités de transition du gouvernement d’unité nationale y ont joué tout leur rôle». Il a ajouté que «la poursuite de leur action dans cette voie sera déterminante pour la suite».
Jean-Yves Le Drian a affirmé qu’il revenait à la France «d’aider les Libyens à atteindre les objectifs qu’ils se sont eux-mêmes donnés dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu d’octobre 2020 et du Forum de dialogue politique». Il assure qu’il revient aux Libyens de «saisir l’opportunité historique qui existe aujourd’hui de retrouver la paix, la souveraineté et une prospérité partagée». LIRE LA SUITE
Intervention de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, à la conférence de soutien à la stabilité de la Libye (Tripoli, 21 octobre 2021)
Madame et Messieurs les Ministres, Nous sommes aujourd’hui réunis à Tripoli à votre invitation, Madame la ministre, pour constater le chemin parcouru au cours des derniers mois et pour poursuivre sur cette voie, qui est celle de la stabilité de la Libye. Depuis ma dernière visite à Tripoli il y a plus de 6 mois avec mon homologue italien, Luigi di Maio qui est à nos côtés aujourd’hui, et avec notre collègue allemand, les progrès réalisés sur les plans politique et sécuritaire sont remarquables. Les autorités de transition du gouvernement d’unité nationale y ont joué tout leur rôle, et la poursuite de leur action en ce sens sera déterminante pour la suite. Pour notre part, il nous revient d’aider les Libyens à atteindre les objectifs qu’ils se sont eux-mêmes donnés dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu d’octobre 2020 et du Forum de dialogue politique. Avec notre appui, les Libyens pourront saisir l’opportunité historique qui existe aujourd’hui de retrouver la paix, la souveraineté et une prospérité partagée. Sur le plan politique, la tenue des élections présidentielles et législatives le 24 décembre est désormais à portée de main après l’adoption de la base juridique nécessaire à leur organisation, et à la suite des déclarations des autorités libyennes aujourd’hui que nous apprécions leur juste mesure. La mobilisation de la communauté internationale est entière à ce sujet, comme nous l’avons rappelé à New York lors de la réunion ministérielle co-présidée le mois dernier par la France, l’Allemagne et l’Italie. Nous apportons notamment tout notre soutien à la Haute commission nationale électorale, qui finalise désormais le calendrier qui déterminera la suite du processus politique. Je salue à cet égard l’action de son président, M.Emad Sayeh, qui travaille depuis des mois, conformément à la feuille de route libyenne endossée par le Conseil de sécurité des Nations unies, à l’organisation de scrutins inclusifs, crédibles et transparents. Il peut compter sur le soutien de l’Union européenne, qui se tient prête à apporter son appui aux opérations électorales à la demande des autorités libyennes. Il peut aussi compter, comme cela a été rappelé par la Secrétaire générale adjointe, sur celui de la Mission d’assistance des Nations unies pour la Libye. Manifestation évidente de la volonté des Libyens de mener à son terme la transition politique de leur pays, près de 3 millions d’entre eux se sont inscrits sur les listes électorales. Il est donc désormais impératif que les scrutins législatif et présidentiel puissent se tenir selon le calendrier prévu et que le choix du peuple, quand il se sera exprimé, soit respecté. Sur le plan sécuritaire, les Libyens, réunis au sein du comité militaire conjoint 5+5, se sont accordés sur un plan de départ de toutes les forces et les mercenaires étrangers. Ce plan témoigne, une fois de plus, de la volonté claire des Libyens de retrouver la maîtrise de leur destin, à distance de toutes les ingérences étrangères. Je salue cet engagement et réaffirme le plein soutien de la France. Les aspirations des Libyens à la souveraineté sont convergentes avec les intérêts de sécurité de l’ensemble de la région, du Sahel à l’Europe en passant par l’Afrique du Nord.
Après les progrès que je viens d’évoquer, un certain nombre d’étapes restent à franchir pour que la transition libyenne aboutisse. Tous les acteurs libyens qui sont engagés en faveur de la transition politique doivent savoir qu’ils peuvent compter sur le soutien des partenaires internationaux de la Libye, et sur leur unité. J’y veillerai constamment, en lien notamment avec mes collègues européens. Dans cet esprit, le Président de la République accueillera à Paris le 12 novembre prochain une conférence internationale pour la Libye. La conférence de Paris réunira, avec les autorités libyennes de transition, les chefs d’État et de gouvernement des pays invités aux conférences de Berlin, dans un format qui sera pour la première fois élargi à l’ensemble des pays du voisinage de la Libye. La conférence de Paris, qui sera organisée en lien étroit avec les Nations unies et sera co-présidée par la France, l’Italie et l’Allemagne permettra de donner la dernière impulsion internationale nécessaire en soutien aux élections de la fin de l’année, et de contribuer à ce que les conditions favorables à la tenue de ces élections et au respect de leur résultat soient réunies. Elle endossera le plan libyen de départ des forces et mercenaires étrangers et accompagnera sa mise en œuvre, pour mettre un terme aux ingérences étrangères. Enfin, elle prendra pleinement en compte, en présence des pays concernés, la dimension régionale de la crise libyenne et ses conséquences pour le voisinage de la Libye. Dans cette perspective et pour permettre de tourner enfin la page de la crise libyenne après une décennie d’instabilité, nous comptons sur l’engagement des autorités intérimaires et de tous les acteurs libyens, ainsi que sur l’engagement et l’unité des partenaires de la Libye. La France sera au rendez-vous comme, j’en suis convaincu, chacun d’entre vous. Je vous remercie. |