Après l’horreur de la première décapitation

 WP1-Orient le JourAprès l’horreur de la première décapitation des temps modernes : LES FRANÇAIS DEMANDENT DES EXPLICATIONS ET LE GOUVERNEMENT OPTE POUR UN CHANGEMENT QUALITATIF

p011-4_992922_largeDes policiers français sur le site industriel de Chassieu où un chef d’entreprise a été décapité. Philippe Desmazes/AFP pour l’OLJ

Jusqu’à ce vendredi matin où des passants ont vu, horrifiés, une tête d’homme accrochée au grillage de cette usine de Saint Quentin Fallavier dans l’Isère, les Français croyaient que les décapitations s’étaient arrêtées aux pires années de la révolution ou aux épisodes les plus sanglants des guerres de religion.

Mais le choc mêlé à l’énorme explosion entendue à proximité ont provoqué en même temps que la peur une réelle prise de conscience sur la nécessité d’un début de réflexion et d’une volonté de comprendre et de demander de vraies explications.

Jusqu’à ce vendredi matin, on se contentait d’exprimer des sentiments d’horreur ou de s’exprimer sur ce qui se passait chez les autres…

A l’heure du conseil des ministres restreint à l’Elysée qui coïncidait avec la noria habituelle des experts, spécialistes et autres analystes du petit écran, le Français moyen se posait une seule et même question. Et maintenant ?

Loin des cercles politiques et journalistiques, des observateurs se livraient à des évaluations et supputations oscillant entre le début de la  « bataille (jihadiste) de France » et l’acte isolé d’un individu ou d’un tout petit groupe de fous de Dieu.

Les seuls éléments concrets ont été obtenus après le la réunion de l’Elysée.

Au-delà des déclarations faisant état du renforcement des dispositifs et mesures de Vigipirate dans le département Rhône-Alpes, Paris et autres zones dites sensibles, des sources gouvernementales ont laissé entendre qu’au plus haut niveau de l’Etat il y a maintenant une volonté de changement qualitatif à divers niveaux.

Au plan sécuritaire, bien entendu il y a un appel à la plus grande vigilance qui serait assortie d’une adaptation qui s’impose au niveau judiciaire. Explication : Des individus fichés pour leurs penchants salafistes et non impliqués dans des actes répréhensibles ne devraient plus évoluer librement. La logique est qu’entre la fanatisation et l’acte, la paroi est très mince.

Par ailleurs et au chapitre de l’évaluation des risques il faudrait maintenant garder à l’esprit que les cellules dormantes dont on parle tant sons constitués justement pas des  personnes irréprochables en apparence au casier judiciaire propre assorti d’une bonne réputation dans son entourage immédiat.

Enfin, on croit savoir que les trois ministres concernés (Intérieur, Affaires étrangères et Justice) ont été invités par le Président Hollande de plancher sur les points précis des départs et arrivées des jihadistes présumés qui parviennent à établir des liens entre les commandements et les scènes du combat sacré.

Autres directives : une guerre contre un certain laxisme au niveau de la surveillance des sources de financement, même lorsqu’il s’agit de « parfaits gentlemen » ou de pays supposés ami. Surveillance plus stricte également des imams en action dans l’hexagone, notamment sur les points précis de leur formation et de leurs références.

Si cela venait à se traduire par les faits, le gouvernement pourrait obtenir des résultats dans des délais raisonnables.

Reste à savoir si les boucheries de l’Isère, de Sousse et de Koweit étaient le signal d’une entrée dans une phase active avec une rivalité à mort… on peut le dire sans jeu de mots entre Daech, Al Qaïda et autres réseaux de la mort.

Sur le terrain de la France, une irruption des tueurs dans la société serait d’autant plus effrayante que l’Europe et ses dirigeants donnent aux peuples l’impression que le problème et le devoir prioritaires consistent à gérer des crises qui n’arrivent qu’aux autres.