« À Mossoul, 700 femmes yazidies ont été vendues sur la place publique à 150 dollars pièce… » – http://shar.es/1nj35u
Crédit photo OLJ : La famille Younan et les membres du Chredo réunis en conférence de presse, hier à Paris.À l’initiative du Chredo (Coordination des chrétiens d’Orient en danger) dont le président Patrick Karam, conseiller général, a pu mobiliser jusqu’ici plus de 120 élus de l’Assemblée nationale et du Sénat, des victimes et des survivants des massacres commis tout récemment en Irak par l’État islamique (EI) ont témoigné hier dans une salle de la mairie du 16e arrondissement.
Devant des journalistes français et étrangers, une famille de 5 membres, venue de la région de Mossoul, a témoigné des atrocités commises par les hordes de l’EI dans la plaine de Ninive poussant à l’exode une centaine de milliers de chrétiens et de yazidis. Le chef de la famille, Nabil Younan, a ainsi raconté qu’entre autres barbaries, des terroristes de l’EI ont vendu aux enchères sur une place publique de Mossoul, il y a seulement trois jours, 700 femmes yazidies au prix moyen de 150 dollars par esclave. « Cela se passe au vu et au su de la communauté internationale », a-t-il dit, avant de lancer un appel poignant au monde entier pour qu’une intervention immédiate empêche de tels actes de se poursuivre.
« Ils dépouillent les chrétiens »
D’autres témoignages ont été entendus, notamment celui du R.P. Amir Geagea, supérieur dominicain à Bagdad, et celui du père dominicain Anis Hanna, joints par téléphone et interrogés en duplex par l’assistance. Ils ont confirmé les témoignages déjà publiés dans nos colonnes, évoquant entre autres les barrages établis par l’EI aux sorties de Mossoul afin que les islamistes puissent dépouiller les chrétiens. « Jusqu’aux bagues des femmes et aux bracelets et colliers des enfants », a-t-il précisé, dénonçant au passage l’abandon par les peshmergas kurdes de leurs positions dans des villages chrétiens de Ninive.
« C’était comme s’ils invitaient les tueurs de l’EI à occuper nos villages », a déclaré un des intervenants qui s’est interrogé sur l’utilité d’un envoi d’armes françaises aux Kurdes. À ce propos, un des intervenants du Chredo a rappelé que cet abandon des peshmergas est intervenu presque au lendemain de l’entretien téléphonique entre les présidents français François Hollande et kurde Massoud Barzani, le premier promettant des armes françaises au second, en même temps qu’une aide humanitaire aux déplacés yazidis.
C’est Patrick Karam qui a placé le débat sur le terrain de l’action politique, rendant hommage à la France qui a été la première puissance occidentale à réagir aux horreurs, parallèlement aux bombardements américains qui visaient surtout à protéger les personnels civil et militaire US à Erbil. Il a annoncé que plus de 120 parlementaires français et des dizaines de personnalités et d’organismes de la société civile sont actuellement mobilisés pour que la France soit aidée par d’autres pays européens et occidentaux pour intervenir en Irak.
L’aide militaire au Liban
M. Karam a particulièrement remercié le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius pour son action, et annoncé qu’une plainte pour génocide et crime contre l’humanité sera déposée par le Chredo qui a chargé l’avocate française spécialisée, Me Samia Maktouf, de constituer un dossier et de recueillir les pièces nécessaires pour déposer les plaintes non seulement contre l’EI, mais aussi contre ses bailleurs de fonds quels qu’ils soient.
Le conseiller régional parisien a estimé que les organisations et gouvernements du monde arabe et musulman devraient être à l’avant-garde de ce combat pour la défense de la dignité humaine, puisque l’islam modéré est lui aussi menacé par ce terrorisme qui menace l’Irak, la Syrie et le Liban.
Pour ce qui est du pays du Cèdre, M. Karam a estimé que les récents combats d’Ersal font partie de la guerre contre le terrorisme qui menace non seulement le Proche-Orient, mais aussi le monde entier. Il a invité la France à accélérer le processus de renforcement de l’armée libanaise, en application des accords franco-saoudiens, précisant que cette aide a été plus d’une fois évoquée par les dirigeants du Chredo lors de leurs entretiens avec des hauts responsables français, qui ont dénoncé à cette occasion des campagnes de presse rejetant sur la France la responsabilité des retards de la concrétisation de l’aide militaire au Liban.