L’édito du 14 mars 2019 : ALGERIE, LES DERVICHES… RETOURNEURS

Par Elias MASBOUNGI

ALGERIE :
LES DERVICHES… RETOURNEURS

Les printemps arabes se suivent et ne se ressemblent pas .

Voici qu’après le ratage du printemps de Damas et le chaos engendré par celui du Caire et de Tripoli, c’est Alger qui se met en lice pour le grand changement sous la pression populaire.

En nous gardant tout amalgame ou comparaison, nous pourrions dire que ce qui se passe  depuis quelques jours dans des grandes villes algériennes exprime avec la même  fougue le désir d’une nouvelle génération de prendre la relève.

En tenant compte donc de la spécificité de chaque pays et de chaque peuple, on peut dire que le danger de l’islamisme guette.

Tapis dans l’ombre, les terroristes avérés et  en puissance se préparent à combler le vide après la chute des régimes en place, avant même l’apparition des premières convulsions de la relève.

Dans le cas de l’Algérie, on pourrait croire à priori que le ferment révolutionnaire de la guerre d’indépendance, le traumatisme de la longue bataille de l’armée contre les terroristes et l’absence d’une pensée islamique au niveau des masses empêcheront ou tout au moins retarderont l’apparition  des barbus sur la scène politique.

Mais ce serait aller trop vite en besogne que de l’affirmer ainsi, le monde ayant  changé, les méthodes et les moyens d’action aussi.

Reprenant à leur compte les crises sociales et les fléaux que représentent en Algérie, le chômage, la précarité dans les grandes villes et la pauvreté à la campagne, les idéologues de l’extrême qui veulent islamiser le monde pourraient marquer dès aujourd’hui plus de points que l’on pourrait croire.

Avant d’avancer leur éternel argument  qu’il n’y a de solution que l’Islam. Et ce ne sont pas les jeunes algérois, oranais et constantinois qui refuseront cette main  tendue, prête à en découdre avec le régime chancelant  et à apporter le changement.

Même en Egypte où l’islam, sa culture et ses traditions sont omniprésentes, l’extrémisme a pu supplanter pour un moment l’alliance des jeunes et des modérés pour rafler la mise.

Et ce n’est que plus tard que l’armée du maréchal Sissi est parvenue à prendre le dessus.

En Syrie, c’est la prolongation de la crise qui a permis une difficile résistance à Daech.

En Libye, c’est l’héritage de Kadhafi, ajouté aux erreurs de l’occident qui ont réglé la question.

Mais l’armée algérienne, pourrait-elle faire de même ?

Grande question qui appelle une grande réflexion et surtout une attente porteuse de tous les dangers.

A VENIR : notre dossier « PRINTEMPS ARABES »