L’ancienne ministre française entame aujourd’hui une visite au Liban placée sous le signe de la coopération entre le Conseil régional d’Île-de-France qu’elle préside et Beyrouth.
Interview pour l’OLJ par E. Masboungi
Le Liban et la région de Beyrouth font partie des zones prioritaires de coopération de la région IDF, et des projets y ont déjà été initiés. Valérie Pécresse annoncera un élargissement de cette coopération libano-française dans divers domaines, notamment la création d’un « Institut pour la mémoire du général de Gaulle », l’aménagement de l’environnement universitaire avec accueil d’étudiants, ainsi qu’un organisme de développement économique pour les startup.
Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Mme Pécresse a été ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, puis ministre du Budget et porte-parole du gouvernement de François Fillon. Elle a présidé en 2013 le groupe d’études sur les chrétiens d’Orient à l’Assemblée nationale.
L’« OLJ » – C’est là votre première visite au Liban depuis votre élection. Quelle est son importance et que ressentez-vous à l’égard de ce pays ami de la France et en particulier de la coopération IDF-Beyrouth ?
Valérie Pécresse – C’est ma première visite au Liban tout simplement ! C’est un pays où j’ai toujours eu envie de me rendre. Le président Jacques Chirac, auprès de qui j’ai commencé ma carrière politique et qui est un grand ami du Liban, était intarissable à ce sujet. La coopération entre la région Île-de-France et celle de Beyrouth est historique et date de 1991. L’Île-de France est aussi la première région de France qui accueille les Libanais, très impliqués dans la vie économique, universitaire et culturelle francilienne. Elle soutient à ce titre les associations libano-franciliennes qui œuvrent pour le développement et les échanges entre nos deux pays. Je suis d’ailleurs accompagnée par mon vice-président d’origine libanaise Patrick Karam, chargé du sport, de la jeunesse et de la vie associative. Je voudrais dire que notre coopération n’est pas seulement stratégique, ce sont d’abord des liens historiques et d’amitié très forts entre nos deux pays. D’ailleurs, nous allons profiter de ce voyage pour marquer cela de manière symbolique, puisque nous allons contribuer au financement de l’Institut Charles de Gaulle à Beyrouth, pour faire vivre la mémoire du général de Gaulle, qui est une figure commune admirée à la fois par les Français et les Libanais.
Le projet phare réalisé entre votre région et la ville de Beyrouth, le Bois des Pins, a connu plus d’un blocage. Ce Bois des Pins que vous avez réaménagé après la guerre civile fait l’objet de controverses notamment sur l’ouverture de cet espace au public et les raisons (pollution du fait des visiteurs ou insecte tueur…) de la perte d’environ 800 arbres. Allez-vous remédier à cette situation sur place ?
Effectivement c’est mon prédécesseur Michel Giraud qui a fait en sorte que la Région contribue à la renaissance de ce poumon vert à Beyrouth, qui avait été brûlé pendant la guerre, en apportant toute l’expertise technique nécessaire en termes d’aménagement. J’ai demandé à l’Agence des espaces verts – qui est un organisme associé de la Région chargé de la gestion des forêts en Île-de-France – de m’accompagner pour voir comment nous pouvons apporter notre expertise pour aménager et sauvegarder cet espace vert.
Vous venez avec votre organisme en charge de l’aménagement urbain, qu’allez-vous proposer à Beyrouth ?
Nous allons signer une feuille de route de coopération avec le conseil municipal de Beyrouth comprenant plusieurs projets concrets. Nous allons travailler avec la municipalité sur la mobilité urbaine et relancer le projet de « liaison douce », c’est-à-dire l’aménagement complet de la rue de Damas avec des espaces piétons, de nouveaux trottoirs, une piste cyclable. L’ Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France, dirigé par Fouad Awada, un Franco-Libanais, va aussi intervenir pour contribuer à la mise en place d’un schéma directeur d’urbanisme et travailler sur la valorisation énergétique des déchets. Enfin, nous allons proposer un cycle de formation en génie urbain à destination des cadres des municipalités libanaises. Ce programme sera financé par la Région Île-de-France et par le ministère français des Affaires étrangères.
Allez-vous élargir la coopération IDF-Beyrouth à une coopération englobant d’autres régions du pays ? Et dans quels domaines ?
Notre coopération demeure avec la région de Beyrouth, mais nous allons élargir ses domaines d’intervention. On connaît tous l’esprit entrepreneurial des Libanais et je veux faire de la région Île-de-France la première métropole d’Europe. Nous allons proposer à Beyrouth et à ses incubateurs de rejoindre le réseau d’incubateurs francophones SPRINT que nous avons créé cette année. Il permettra aux startups libanaises, qui sont très dynamiques, de monter des partenariats avec d’autres startups du réseau qui comprend, outre l’Île-de-France, les villes de Casablanca, Alger, Tunis, Dakar, Abidjan et Antananarivo.
Nous allons aussi développer la coopération universitaire, qui me tient à cœur et que j’avais développée en tant que ministre des Universités du gouvernement Sarkozy. Nous allons proposer l’accueil et l’hébergement d’étudiants libanais à la Maison de l’Île-de-France à la Cité internationale qui sera inaugurée en septembre. Nous pourrons accueillir une dizaine d’étudiants par an.
Enfin, notre partenariat a aussi une dimension sociale et de solidarité, puisque nous allons contribuer à la mise en place d’un SAMU social à Beyrouth pour venir en aide aux sans-abri.
Quelle place accordez-vous à l’Europe des régions ?
Je crois fondamentalement à cette Europe des régions, ou plus exactement au renforcement de l’Europe par les régions. Je l’ai dit récemment au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Les autorités régionales sont plus proches du terrain que les États. Elles peuvent agir plus rapidement, plus efficacement. Il faut leur confier davantage de responsabilités et de moyens. C’est vrai pour l’Europe comme au plan international : je souhaite que notre coopération avec Beyrouth soit exemplaire et qu’elle contribue directement aux bonnes relations que l’Union européenne entretient avec les pays méditerranéens.
Pour mémoire
La présidente du Conseil régional d’Île-de-France en tournée au Liban