Rencontre Fabius-Di Mistura sur la Syrie : PARIS INVITE LES EUROPEENS A UNE CONCERTATION MARDI POUR RAPPROCHER LES VUES
Le ministre des Affaires étrangères et du développement économique, M. Laurent Fabius a reçu hier en milieu de journée M. Steffan di Mistura, représentant spécial de l’ONU pour la Syrie et s’est entretenu avec lui durant près d’une heure de la situation sans ce pays. Tant sur le terrain qu’au niveau des efforts diplomatiques vers une solution politique à Damas.
Il s’agissait en fait, pour le chef de la diplomatie française et son hôte de faire le point de la situation cinq semaines après le début des frappes aériennes russes en Syrie.
A l’issue de cette rencontre, MM. Fabius et di Mistura se sont adressés à la presse et une source proche du Quai d’Orsay a fourni aux journalistes des éléments d’information sur la réunion.
Fabius a déclaré que la France souhaite que tout le monde participe à la guerre contre Daesh mais que Paris demande que cessent les bombardements contre populations civiles, notamment par des barils explosifs (les «Barrel bombs », l’expression anglo-saxonne entrée aujourd’hui dans le vocabulaire de la diplomatie française). Il a souligné la nécessité que la Syrie soit à nouveau un pays où tous les citoyens peuvent vivre en sécurité.
Au sujet du Président Bachar El-Assad, M. Fabius a déclaré que pour la France le Chef de l’Etat syrien ne peut faire partie de la solution politique du fait qu’il porte la responsabilité des 250.000 victimes de la crise syrienne, même s’il venait à présenter « des excuses ».
« Bachar El Assad ne peut être l’homme de demain et son maintien au pouvoir ne pourrait qu’envenimer la situation en Syrie et pousser dans le sens du renforcement du terrorisme », a encore dit le chef de la diplomatie française qui a annoncé que, par ailleurs, la France déléguera incessamment à Moscou le directeur des affaires politiques du Quai d’Orsay dans un souci de clarifier certains points de divergence entre la France et la Russie sur le problème syrien.
Il a annoncé qu’une réunion se teindra la semaine prochaine à Paris (probablement mardi) avec la participation des ministres des A.E. français, allemand, italien et d’autres pays européens pour tenter de dégager une position européenne commune sur la Syrie. Réunion interprétée par des milieux diplomatiques français comme étant une «réplique » à la conférence qui a réuni hier vendredi, à Vienne, au niveau ministériel uniquement les USA, la Russie, l’Arabie Saoudite et la Turquie.
Le chef du Quai d’Orsay a par ailleurs évoqué la position russe, affirmant que Moscou veut soutenir Bachar El Assad et que la France est contre un tel soutien.
De son côté, M. di Mistura a déclaré qu’il vient des Etats-Unis où il a discuté avec les Américains, a-t-il précisé, de la nouvelle donne en Syrie après l’entrée en scène de la Russie.
Dans la course entre la guerre et la diplomatie, il est temps d’engager une solution politique, a estimé le représentant de l’ONU qui a estimé qu’un règlement de la crise syrienne ne peut intervenir qu’avec le soutien de tous les pays concernés, comme par exemple ce qui se passe à la conférence de Vienne car, a-t-il ajouté, il faut entendre l’avis de tous les pays qui ont quelque chose à dire au sujet de la guerre en Syrie.
Sur cette réunion Fabius-di Mistura, une diplomatique a indiqué qu’elle a permis au chef de la diplomatie française d’entendre de la bouche de son invité quels ont été les résultats de ses récents contacts avec Washington, Moscou et Le Caire (sa réunion avec le Président Sissi).
Sur la position de la France sur la crise syrienne, cette source a affirmé que Paris demande à Moscou depuis un moment sa position exacte sur le sort de Bachar El Assad mais que la France n’a pas obtenu de réponse à ce sujet.
De plus, a ajouté cette source autorisée, la Russie estime que sa présence en Syrie a contrebalancé l’influence iranienne mais qu’en fait cette présence a renforcé cette influence. Elle a encore dit : «On attend par ailleurs une concrétisation de la promesse iranienne de jouer un rôle constructif dans la crise syrienne ».
La source a enfin révélé que la France présentera la semaine prochaine au conseil de sécurité de l’ONU un projet portant sur l’interdiction de l’utilisation des « Barrel bombs » en Syrie.
D’autre part, un diplomate français à la retraité a déploré qu’il n’y ait pas déjà une position européenne commune sur la Syrie et que, bien au contraire on constate des positions divergences entre les capitales européennes sur le rôle du Bachar El Assad dans la transition, certaines d’entre elles estimant que cela n’est pas important et que l’essentiel pour le moment est de définir le contenu de la formule de transition.