A L’INITIAVIVE DE LA CHREDO : UNE « PROCLAMATION DE PARIS » CONTRE LES DISCRIMINATIONS ENTRE CHRETIENS ET AUTRES MINORITES EN ORIENT
par Elie MASBOUNGI
Organisée hier à Paris par la « CHREDO » (Coordination Chrétiens d’Orient en Danger), une conférence internationale s’est tenue hier dans la salle du conseil régional d’Ile-de- France à Paris avec la participation de délégations de 8 pays représentés par 17 dignitaires religieux chrétiens et musulmans, 5 ministres et députés et 8 ONG.
Mme Valérie Pécresse, présidente de la région « Ile-de-France » était à la tribune à la séance inaugurale et qu’elle donné le coup d’envoi par un mot de bienvenue aux délégations étrangères et aux participants en général.
Inaugurée la veille par une messe oecuménique en la cathédrale N.D. Du Liban, rue d’Ulm, la conférence a entamé ses travaux mardi matin sous la présidence de M. Patrick Karam et sous le thème « En finir avec les discriminations contre les chrétiens et les autres minorités en orient ».
Au terme des conférences et tables rondes auxquelles ont participé des personnalités chrétiennes et musulmanes, une « Proclamation Internationale de Paris contre les discriminations faites aux chrétiens d’orient et autres minorités » a été signée et diffusée par les prélats et chefs religieux musulmans des pays suivants : Arménie, Egypte, Jordanie, Irak, Koweit, Liban et Syrie ainsi que par une dizaine de parlementaires français et des magistrats et avocats spécialisés en la matière.
En 4 séances et deux tables rondes, les divers aspects du drame des chrétiens et autres minorités d’orient ont été débattus par des spécialistes civils et religieux chrétiens et musulmans. Chronologie des exactions et crimes de ces dernières années commis essentiellement par Daech en Irak, en Syrie et par d’autres mouvements extrémistes en Egypte, en Jordanie et d’autres pays de la zone.
La double problématique du fanatisme et du refus de l’autre, exemples et chiffres à l’appui, le phénomène de l’exode des chrétiens, les failles du soutien de la communauté internationale, l’indifférence et même « le silence assourdissant » de certaines grandes puissance et d’autres sujets ont été mis sur le tapis avec une clarté et franchise sans précédent sur une tribune internationale.
Les dignitaires musulmans dont des représentants de hautes instances sunnites et chiites ont dénoncé et condamné en termes clairs et courageux ces dérives criminelles et islamistes « étrangères aux enseignements du Coran ». D’intéressants arguments et points de vue ont été entendus et suivis par une assistance de plus de 400 personnes. Sans entrer dans le détail des interventions, on peut dire que cette première conférence du genre en Europe a trouvé sa synthèse dans le document final lu par Patrick Karam et signé par les intervenants à la tribune.
Le Liban était représenté à la conférence par l’ambassadeur Rami Adwan, le député Simon Abi Ramia, le ministre Pierre Bouassi, M. Fiouad Abou Nader et Habib Afram qui se sont succédé à la tribune formulant des propositions concrètes sur la problématique de la survie des chrétiens d’orient, certains d’entre exposant la question des réfugiés syriens et palestiniens au Liban et ses conséquences sur le présent et l’avenir du pays.
En voici les principaux points :
- Les signataires dénoncent les actes terroristes passés et à venir qui constituent des crimes contre l’humanité déclarant solennellement que des groupes tels que Daech et d’organisations similaires et leurs recrues utilisent la religion pour justifier leurs crimes que l’islam désapprouve.
- Les signataires affirment sans ambiguïté le droit inaliénable des chrétiens d’orient et des autres minorités (dont les Yézidis) persécutés représentent les plus anciennes composantes de cette région, à rester et à vivre sur leur terre dans la dignité et la sécurité, sans subir de discrimination et à pratiquer leur foi en toute liberté, comme cela l’a été à travers l’histoire en orient, berceau de religions qui ont existé depuis des siècles.
- Les signataires appellent la communauté internationale à ne pas faire d’amalgame entre ces barbares et l’islam
- Les signataires appellent le conseil de sécurité des Nations-Unies à prendre les mesures et décisions nécessaires , conformément au chapitre VII de la Charte des Nations Unies à prendre des sanctions claires à l’encontre des Etats ainsi que des organisations et associations reconnues coupables de terrorisme.
Les signataires de cette proclamation sont d’accord sur les points suivants :
Ils confirment la nécessité de l’égalité en orient entre les hommes quelle que soit leur appartenance à une religion ou à une doctrine spirituelle.
Ils affirment que les personnes qui ont été déplacées de force et qui,ont émigré vers d’autres pays en raison de persécutions religieuses on t le droit de retourner chez eux.
Ils appellent la communauté internationale à soutenir les chrétiens d’orient dans leur lutte contre toute discrimination qui peut les toucher et à oeuvrer pour leur garantir la liberté d’exprimer leur foi.
Appel est lancé par ailleurs aux responsables politiques et les journalistes occidentaux à un dialogue mondial pour une coopération étroite en vue d’asseoir la paix et la justice dans le respect de la diversité idéologique, confessionnelle, raciale et d’oeuvrer consciencieusement pour éteindre les incendies au lieu de les raviver.
Les signataires de la Coordination des Chrétiens d’Orient en Danger (CHREDO) mettront tous leurs efforts à oeuvrer conjointement pour alerter la communauté internationale, leurs gouvernements et leurs populations sur les événements dramatiques dans la région.
Des actions concertées seront mises en œuvre pour rappeler la solidarité et le convivialité millénaires entre Chrétiens et Musulmans et rejeter les discriminations.
Les signataires ont convenu de créer un comité dont la mission serait de suivre l’application des recommandations et des décisions de cette conférence.