Lettre au Président Macron par Youssef Salameh

Youssef Salameh s'adresse au président Macron
Youssef Salamé

Youssef Salameh s'adresse au président MacronLettre ouverte au Président Macron par Youssef Salameh, Président du Rassemblement pour L’Identité et La Souveraineté, Ex-ministre d’Etat libanais

Beyrouth, le 22 Novembre 2020,
Monsieur Emmanuel Macron,
Président de la République Française,
Palais de L’Elysée, Paris

Monsieur le Président,

Permettez-moi de vous remercier au nom des tous les Libanais ainsi qu’en mon nom personnel pour votre engagement indéfectible auprès du Liban. Étant donné l’échec total de la classe politique libanaise à pouvoir gérer les affaires du pays pour une sortie de la catastrophe financière et humanitaire et étant donné votre propre expérience à travers votre initiative qui a mis à nu la négligence criminelle et l’incapacité totale du système de gouvernement au Liban à sortir de l’impasse nous tenons à partager avec vous des suggestions d’actions que la France et ses partenaires pourraient engager pour sauver le Liban, peuple et état.

Actions Proposées à Court Terme 

Actions Politiques 

  1. La classe politique actuelle est incapable de sortir le Liban de l’impasse où elle l’a mené. Le manque d’intelligence, la peur, l’assujettissement à des politiques externes et la négligence criminelle exacerbent cette incapacité. Cette classe a fait avorter l’opposition nationale en truquant les élections parlementaires de Mai 2018 et a fait dévier la révolution d’Octobre 2019.  Cette classe n’a pas su profiter de la carotte de la Conférence de CEDRE en Avril 2018 et n’a pas écouté les exhortations du Président Macron en Aout 2020. Il ne faut plus perdre de temps à discuter avec l’âne, il faut passer au bâton pour forcer cette association de malfaiteurs à céder le pouvoir quitte à engager des sanctions et des actions légales contre le plus grand nombre de chefs politiques et leurs associés principaux. Outre les sanctions, il faut révéler l’étendue des fortunes personnelles de chacun pour démystifier le peuple Libanais.
  2. Il faut forcer la main pour faire nommer un Conseil des Ministres formé de personnalités compétentes et intègres de l’opposition Libanaise interne et de la Diaspora. Ce Conseil devra avoir des prérogatives pour légiférer sans recours au Parlement. Il devra assurer la revitalisation, l’intégrité et l’indépendance du pouvoir judiciaire et prendre les actions d’urgences pour le redémarrage de l’économie Libanaise (comme les reformes de base concernant les secteurs de l’énergie, les services bancaires, les transactions gouvernementales et le combat contre la corruption).
  3. Nonobstant l’engagement des négociations avec le FMI, le Conseil des Ministres pourrait être secondé par une équipe de conseillers Libano-Internationaux ainsi que d’une expertise de pointe, le tout financés par l’Union Européenne ou le PNUD sous supervision Française directe.

Actions Judiciaires

  1. La France et ses partenaires pourraient invoquer le droit international pour instaurer une commission pour la récupération des fonds détournés et volés au peuple Libanais usant des règles de la découverte pour saisir les cours de justice internationales et celles de différents pays où se trouvent les avoirs en question.
  2. La France et ses partenaires pourraient invoquer le droit international pour intenter une action en justice pour négligence criminelle contre la classe politique libanaise prenant l’explosion du port de Beyrouth comme point de départ ou événement déclencheur.

Actions Financières et Economiques

  1. Le système bancaire et la Banque Centrale étant la clef de voute de toute l’économie Libanaise, une action Franco-Européenne pourrait être engagée pour prendre une participation majoritaire dans les Banques Libanaises sans exonérer leurs propriétaires de leurs responsabilités légales et criminelles. Ceci permettrai alors de faire pression sur le gouvernement endetté envers les Banques ainsi que de ‘désinfecter’ le système. Cette prise en charge permettra aussi un redémarrage de l’économie et le contrôle de la situation socio-économique.
  2. La France et ses partenaires pourraient aussi acquérir la dette souveraine extérieure du Liban ce qui permettrai d’instaurer une commission internationale pour gérer la dette et son remboursement et de guider ainsi la politique de développement du gouvernement au-delà.

Nota: Le modèle de l’Administration de la Dette Publique Ottomane et de la Banque Ottomane est à considérer dans ce contexte.

  1. La création d’un fond international de soutien au Liban géré indépendamment du gouvernement Libanais pour développer les services publics à partir de concessions et de partenariats Public-Privé pour aider la batterie gouvernementale à démarrer.

Action  Militaire

  1. La France pourrait saisir le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour mettre toutes les frontières du Liban sous la protection internationale en invoquant le Chapitre VII de la Charte, étendant ainsi la mission de la FINUL à tout le Liban. Alternativement une décision de l’OTAN ou de L’Europe pour protéger l’est de la méditerranée pourrait être invoquée. L’intégration de l’Armée Libanaise dans cette action renforcerai le dispositif et pourrai aider à extraire l’armée de l’influence du Hezbollah.

Dans tous les cas il est impératif de renforcer l’Armée Libanaise, de l’extraire à l’influence de la classe politique et de la réconcilier avec le peuple Libanais car elle reste la seule institution nationale de refuge autour de laquelle il existe encore un consensus.

Actions Proposées à Long Terme

  1. Le Grand Liban dans sa formule d’origine est mort. Il faut envisager une nouvelle forme pour l’Etat Libanais qui tienne compte de l’histoire récente et de l’état actuel des lieux. Pour éviter la mainmise Iranienne par le biais du Hezbollah ou la descente dans l’enfer d’une nouvelle guerre civile sur fond d’effondrement socio-économique, la France et ses partenaires se doivent de gérer la transition.

Une conférence nationale facilitée par la France et ses partenaires ou même les Nations Unies aura pour but de discuter les modalités d’un nouvel arrangement constitutionnel. Trois grands thèmes pour le nouveau Liban : (a) un Etat de droit civil, (b) une Neutralité garantie et (c) un régime Fédéral qui garderai le pays uni tout en assurant à chaque communauté principale un espace vital et sécurisé pour se reconstituer, se reconstruire et repartir vers l’avant. Une solution de huit à dix cantons est possible. Une ébauche de projet a été préparée par notre groupe en collaboration avec d’autres.

  1. L’Etablissement d’un partenariat économique et culturel avec les cantons Libanais pour assurer un développement durable et la sécurité du pourtour  méditerranéen.

Nous espérons que vous trouverez ces propositions d’actions utiles et faisables dans le cadre de la politique Française et de l’engagement historique de la France auprès du peuple Libanais qui est aujourd’hui un peuple blessé et souffrant.

Veuillez agréer, M. Le Président, l’expression de nos meilleurs sentiments,

Youssef Salameh

Président du Rassemblement pour L’Identité et La Souveraineté, Ex-ministre d’Etat


Yousef Elias Salamé

Date et lieu de naissance : 25/1/1954 à Faraya LIBAN

Etudes secondaires : Collège St Joseph (Antoura, Liban)

Etudes supérieures : Licence en sciences politiques de l’Université Saint Joseph de Beyrouth, Etudes supérieures économie de l’enseignement et études supérieures en finances internationales à la même université.

Professeur en économie à l’USJ Beyrouth puis à l’Université de Kaslik. Conseiller économique au Conseil du Développement et de Reconstruction. Ministre d’Etat au gouvernement libanais en 2004 et 2005