LE GEL POSSIBLE DES LIVRAISIONS D’ARMES FRANCAISES

LE GEL POSSIBLE DES LIVRAISIONS D’ARMES FRANCAISES : MOTUS OFFICIEL A PARIS ET DOUTES DANS LES CERCLES POLITIQUES FRANCO-LIBANAIS

Il n’a pas été possible d’avoir le moindre commentaire officiel français sur l’information parue hier dans le quotidien « As Safir » faisant état d’un message saoudien à l’ODAS (organisme mixte chargé de la supervision de l’exécution des contrats d’exportation d’armement français) lui demandant de geler quarante cinq jours durant  les livraisons de matériel à l’armée libanaise et de ne pas en informer les autorités libanaises…

Cette information attribuée au correspondant parisien du quotidien beyrouthin  avait, comme on peut l’imaginer, provoqué de vives  et diverses réactions dans les milieux politiques libanais et aussi chez nos compatriotes de l’hexagone. D’aucuns estimant qu’il n’y a pas de fumée sans feu alors que d’autres jugeant qu’il est impensable qu’une telle demande soit adressée par le signataire saoudien du « contrat des trois milliards » au signataire français sans en informer le troisième signataire et bénéficiaire du don saoudien, c’est-à-dire le commandement de l’armée et le ministère de la défense.

Mutisme total donc à la rue Saint Dominique (siège du ministère français) et à la direction de l’ODAS. Silence également dans les milieux politiques français concernés  avec très peu de chances d’avoir aujourd’hui au point de presse hebdomadaire du Quai d’Orsay ne serait-ce qu’un mot sur cette information conformément à l’argument cher au porte-parole du ministère des A.E. M. Romain Nadal qui consiste à dire que le Quai n’ pas l’habitude de commenter de simples informations, de presse…

Seul un fin observateur  des questions franco-libanaises, un diplomate à a retraite en France qui demande à ne jamais être cité, a confié à « L’Orient Le Jour » que de tels « couacs » peuvent arriver dans les contrats d’armement tout comme dans d’autres accords entre la France et l’étranger en général et qu’à son avis cette information a pu provenir de Beyrouth, dans le cadre d’une manœuvre politique visant à mettre à mal l’exécution de ce marché tripartite que l’on a pris coutume d’appeler ici le « DONAS ».

Lequel accord qui n’a pas manqué d’opacité entre le moment où il avait été convenu en décembre 2013 entre le roi défunt Abdallah et le Président François Hollande qui était alors en visite officielle à Ryad (et entériné par une lettre du chef de l’Etat français au souverain wahabite) et la signature du texte final du contrat fin novembre 2014 par les parties française et libanaise puis  par le ministre saoudien des finances en février 2015 .

Manque de clarté et délais anormaux tout d’abord dans la liste du matériel à livrer qui aurait été renégociée sept fois, points d’ombre sur le calendrier des livraisons finalement fixés à quatre mois et demi par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian lors de son voyage au Liban pour la remise de missiles Milan, premier lot prévu par le contrat.

Absence de toute explication du côté de l’ODAS sur la manière dont 3 milliards de dollars ont été réduits à 2,2 milliards d’euros alors que le cours de la devise américaine face à l’euro était en pleine augmentation.

Par contre, l’exigence saoudienne consistant à rejeter toute commission sur ce marché sous peine de suspension immédiate est une réalité maintes fois clamés à Ryad et acceptée à Paris.

C’est probablement en laissant entendre que des commissions de l’ordre de 200 millions ont été exigées par des intermédiaires que l’article d’As Safir a pu semer le doute dans autour de cette affaire…

A l’époque, nous avions dans nos colonnes cité le chiffre de 500 millions et non de 200 million au chapitre des montant exigés non pas par des intermédiaires mais par des agents dûment appointés de quelques unes des 20 entreprises françaises d’armement concernées par le DONAS, chiffre qui englobait les 150  millions d’honoraires requis par l’ODAS.