
Ce numéro se propose d’éclairer les facteurs de tension et de crises ayant la mer Rouge comme théâtre, à travers des contributions traitant de chaque État riverain ou de thèmes transversaux. La mer Rouge, couloir de navigation internationale, et à ce titre enjeu stratégique à l’échelle globale, est, en effet, d’abord une » Méditerranée « , c’est-à-dire une aire de civilisation reliant ses rives et exerçant une attraction sur leurs arrière-pays, ce qui ne va pas sans susciter des convoitises et des compétitions pour leur contrôle. Les études consacrées à la mer Rouge évoquent plus souvent les rivalités entre puissances périphériques, voire lointaines, que les jeux et enjeux des acteurs aux échelles régionale et locale. C’est donc à la mise en résonance de ces différents niveaux d’analyse que s’attachent les auteurs afin de donner quelques clés de compréhension.
Le télescopage de la mondialisation des échanges à l’échelle globale avec les conflictualités aux échelles régionale et locale pose un défi au chercheur, appelé à chercher des articulations entre les différents angles d’approche et niveaux d’analyse ; l’intrication des jeux d’échelle est l’essence même de la géopolitique. Ces angles et ces niveaux requièrent ainsi, dans le cas de la mer Rouge, des compétences conjuguant la prise en compte des héritages – s’agissant d’une histoire qui plonge ses racines dans l’Antiquité –, de la manne pétrolière – qui irrigue, directement ou non, toute la région –, sans négliger l’ethnologie – s’agissant de communautés tournées vers la mer, voire le grand large, voisinant avec des pasteurs nomades ou des paysans montagnards. Des écheveaux de relations complexes, qui convergent dans des luttes, parfois existentielles, pour le pouvoir, au sein de chaque groupe et entre ceux-ci, dans une myriade de combinaisons faites d’invariants et d’opportunités.
Un terrain d’étude qui requiert du chercheur extérieur d’exceptionnels efforts d’adaptation et d’appréhension de son terrain : les rivages de la mer Rouge n’ont en effet été que tardivement et superficiellement colonisés. L’objectif des puissances européennes rivales s’est en effet limité au contrôle du flux maritime après l’ouverture du canal de Suez, puis, au xxe siècle, à celui des gisements d’hydrocarbures du golfe Persique. C’est la raison pour laquelle les études consacrées à la mer Rouge évoquent plus souvent les rivalités entre puissances périphériques, voire lointaines, que les jeux et enjeux des acteurs aux échelles régionale e…
Date de mise en ligne : 01/04/2025
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