L’édito d’Elias MASBOUNGI : UNE SORCIERE NOMMEE CORRUPTION

C’est à croire que, tapîe dans les ténèbres de l’Histoire, la sorcière-corruption a surpris les  Libanais qui se sont retrouvés du jour au lendemain sous sa funeste emprise.

Nous étions auparavant dans une sorte de république exemplaire. Une « Suisse de l’Orient » sans peur et sans reproche; une véritable nation-creuset qui a pu fédérer 18 communautés confessionnelles et ethniques dans un ordre républicain égalitaire et démocratique.

Maudite corruption… qu’on ne voyait pas tant nous assumions nos devoirs et obligations avec rigueur.

Seuls les naïfs et les ignorants se scandalisent aujourd’hui de la tragédie que nous vivons.

Des gouvernants pourris jusqu’à la moelle, une administration paralysée, un Trésor national pillé, des peuplades dressées les unes contre les autres, des dirigeants contestés et démonétisés avant même leur élection….et j’en passe.

Il fallait aveugle ou volontairement aveuglé pour ne pas voir venir le gouffre et l’enfer qui  nous y attend.

Laisser faire, laisser vivre au dessus de ses moyens et même au « dessus des moyens des autres » comme le disait un ami au temps des années folles d’avant la guerre dite civile.

De beaux rêves en cauchemars, les Libanais persistaient à croire au miracle, sans réaliser que les miracles ne durent pas et que celui qu’ils vivaient n’en était pas un.

Révolution… élection, rien n’y fait. Et le simulacre du dimanche 15 mai nous permet de conclure que le Liban et les Libanais sont atteints d’une grave surdi-cécité dont ils ne se remettront pas de sitôt.

Maudite corruption… que l’on ne voyait pas venir…

Parlons-en….

Marchés truqués, projets financés et non réalisés, dépenses publiques incontrôlées mais hypocritement dénoncés à posteriori, partage de butins au vu et au su de tout le monde, pourriture bancaire à peine voilée et enfin évaporation de l’épargne des honnêtes gens.

On voyait tout cela venir et nous sommes maintenant passibles de délit d’indifférence, pour ne pas dire crime de passivité.