
«Les habitants de Gaza ne sont ni morts ni vivants, ce sont des cadavres ambulants.» Ces propos glaçants ont été rapportés mercredi 23 juillet 2025 par Philippe Lazzarini, le chef de l’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNRWA), à propos de la famine en cours dans l’enclave palestinienne
Alors que les Gazaouis ne peuvent pas quitter leur territoire, que l’agriculture est empêchée par la guerre et qu’Israël interdit la pêche, toute la nourriture nécessaire à la survie de la population provient de l’extérieur. Le quotidien britannique The Guardian démontre dans un article que la famine en cours est bien organisée de manière mathématique par Israël, puisque ce dernier bloque l’approvisionnement alors qu’il sait exactement quelle quantité de nourriture manque à la population pour survivre.
Le gouvernement israélien sait depuis longtemps comment contrôler la faim des Gazaouis. Depuis des décennies, il calcule les livraisons de nourriture pour exercer une pression tout en évitant la famine. Déjà en 2006, un conseiller principal du Premier ministre israélien de l’époque, Ehud Olmert, admettait: «L’idée est de mettre les Palestiniens au régime, mais pas de les faire mourir de faim.» Deux ans plus tard, un tribunal israélien ordonnait la publication de documents détaillant ces calculs macabres, à la calorie près.
Cogat, l’agence israélienne qui contrôle toujours les livraisons d’aide à Gaza, avait alors calculé que les Palestiniens avaient besoin en moyenne d’un minimum de 2.279 calories par personne et par jour, ce qui pourrait être assuré par 1,836 kg de nourriture. Aujourd’hui, les organisations humanitaires réclament une ration minimale encore plus réduite: 62.000 tonnes de nourriture sèche et en conserve pour répondre aux besoins essentiels de 2,1 millions de personnes chaque mois, soit environ 1 kg de nourriture par personne et par jour.
Le «pire scénario» de famine
Alors que Gaza sombre dans la famine cet été, les responsables israéliens ont successivement nié l’existence d’une famine massive et ont affirmé sans preuve que le Hamas volait et stockait l’aide ou imputé la faim aux défaillances de l’ONU en matière de distribution. Pourtant, les données compilées et publiées par le gouvernement israélien lui-même montrent clairement qu’il affame Gaza: selon les archives de Cogat, entre mars et juin, Israël n’a autorisé l’entrée sur le territoire que de 56.000 tonnes de nourriture, soit moins d’un quart des besoins minimums de Gaza pour cette période.
Ainsi, même si chaque sac de farine de l’ONU avait été collecté et distribué, et que la Fondation humanitaire de Gaza (GHF, une organisation privée fondée par les gouvernements de Donald Trump et Benyamin Netanyahou) avait mis en place des systèmes sûrs pour une distribution équitable, la famine était inévitable. Le «pire scénario» de famine se déroule actuellement à Gaza, selon des experts en sécurité alimentaire soutenus par l’ONU. Les livraisons de nourriture sont «bien inférieures aux besoins», dans un contexte de «restrictions drastiques à l’entrée des fournitures», a indiqué de son côté le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) dans un rapport citant des chiffres israéliens sur l’aide.
Le Comité d’examen de la famine, un groupe d’experts indépendants intégré à l’IPC, a pointé du doigt la Fondation humanitaire de Gaza: «Notre analyse des colis alimentaires fournis par la GHF montre que son plan de distribution entraînerait une famine massive, même s’il était opérationnel sans les niveaux effroyables de violence signalés.» En mars et avril, la bande de Gaza était totalement assiégée et aucune nourriture n’entrait.
Quelques semaines d’aide supplémentaire pendant le cessez-le-feu de janvier et février de cette année avaient fourni suffisamment de calories pour sortir Gaza du bord de la famine, selon les données de l’ONU. Cependant, en mai, seule une infime partie de la nourriture est revenue et dans des quantités qui n’ont servi qu’à ralentir la descente de Gaza vers la famine, mais pas à l’arrêter.e la famine, un groupe d’experts indépendants intégré à l’IPC, a pointé du doigt la Fondation humanitaire de Gaza: «Notre analyse des colis alimentaires fournis par la GHF montre que son plan de distribution entraînerait une famine massive, même s’il était opérationnel sans les niveaux effroyables de violence signalés.» En mars et avril, la bande de Gaza était totalement assiégée et aucune nourriture n’entrait.