PROTECTORATS A CEDER… par Elias Masboungi

Plus qu’une rumeur et moins qu’une information…

Des chancelleries occidentales prêtent au président Erdogan l’intention d’annexer une partie du Liban-Nord comme l’armée turque l’avait fait à Chypre dans les années 70.

En prévision et pour prendre de court le démembrement de notre « République des communautés Millets » (les communautés religieuses dans le jargon de l’empire ottoman) dont le sultan Erdogan prétend être l’héritier.

Les plaines du Akkar et Tripoli, la deuxième ville du Liban – et ce n’est point un secret – sont en effet un terreau favorable à l’islamisme sunnite au même titre que le sud du pays du cèdre l’est pour la République chiite d’Iran.

Il y a plus d’un mois, un leader tripolitain et non des moindres, Fayçal Karamé avait effectué une longue visite à Ankara qui a promis un soutien consistant et déjà entamé la fourniture d’abondantes aides à la population de sa ville.

Cargaisons de matériel humanitaire et alimentaire déferlent depuis sur le port de Tripoli et sonnent comme un défi aux leaders-milliardaires du Liban-Nord qui n’ont jamais investi dans des projets pouvant développer leur région. On peut ajouter à ce tandem les Hariri père et fils qui ont acquis une place dans ce fief sunnite à coups de bourses universitaires, de dispensaires des associations diverses, bloquant au passage plus d’un projet initié par d’autres personnalités sunnites (A vérifier auprès de Fouad Makhzoumi député de Beyrouth et patron de « Future Pipes » leader mondial des oléoducs en PVC).

Pertinente observation d’un ancien ambassadeur européen ayant servi dans deux pays du Moyen-Orient : « Avec les Turcs on sait que cela commence par l’humanitaire mais on ne sait ni quand ni comment cela finira. » 

Allusion à l’autre Tripoli où le Sultan continue de masser ses troupes dans l’intention d’y rassembler les « soldats de Dieu » de toute la région.

En accueillant et en hébergeant les fugitifs des camps « daechistes » mal gardés par les milices kurdes dans le nord est syrien. Ceux-là mêmes qui par petits groupes gagnent Tripoli-Liban à pied et tentent de se mêler aux émigrants clandestins. Nous l’avions écrit précédemment en précisant l’itinéraire favori de ces évadés qui se déplacent de relais de réfugiés syriens en camp palestinien rendant au passage des services rétribués. Et cela est maintenant connu et reconnu par des services spéciaux libanais, arabes et européens.

La manœuvre turque pourrait donc être une opération de contournement du littoral syrien – protégé par la Russie – pour occuper une région côtière libanaise potentiellement et considérablement riche en hydrocarbures. A la manière de la mainmise sur la partie turque de Chypre appelée « La République de Chypre Nord » non reconnue internationalement mais pour l’instant solidement amarrée à la Turquie.

Un pied en Afrique du Nord et un autre au Liban où il a déjà un orteil dans deux villages turkmènes et encore turcophones dans le Akkar.

Après tout, ne dit-on pas aussi dans les cercles diplomatiques que si le Liban venait à se disloquer Israël et la Syrie se partageraient les lambeaux ?

Pour Erdogan il y a une place pour un protecteur des Sunnites.

Dans cette sombre perspective, les trois cazas chrétiens du Liban-Nord (Zghorta-Zawieh, Bécharré et Koura) se rallieraient au Mont-Liban druzo-chrétien par les crêtes, jusqu’à Jezzine reconstituant ce que l’on appelait le Liban chrétien.

Qui était donc cet historien qui affirmait le plus cyniquement du monde que « les petits pays n’ont pas le droit d’exister… ». Ou l’autre qui affirmait que tout au long de l’Histoire ancienne des pays ont été simplement rayés de la carte.