Nouveau gouvernement au Liban: la vigilance est de mise

Le gouvernement libanais autour du nouveau premier ministre, Tammam Salam (quatrième en partant de la droite), samedi, au palais présidentiel de Baabda. DALATI NOHRA/REUTERS

Le Liban s’est enfin doté d’un nouveau gouvernement censé sortir le pays de la crise historique qu’il traverse. En effet, après près de neuf mois de tergiversations de Mr Saad Hariri, qui a fini par jeter l’éponge, Mr Najib Mikati a été nommé premier ministre et a pu former son gouvernement en accord avec le président de la république comme le stipule la constitution.

La composition du gouvernement est certes une étape nécessaire et indispensable pour arrêter l’hémorragie actuelle mais est en même temps largement insuffisante.

En effet, le pays des cèdres traverse une crise inégalée due principalement à une corruption généralisée érigée en système, instaurée depuis le début des années 90, facilitée par l’instauration d’un clientélisme à outrance et protégée par une confessionnalisation de l’état. Le schéma Ponzi et l’économie de rente instaurés par les dirigeants successifs ont atteint leurs limites aboutissant à l’explosion du système.

L’initiative française lancée par le président Emmanuel Macron en août 2020 a constitué une feuille de route pour la sortie de crise et reste à ce jour la seule planche de salut pour le pays. Or, le gouvernement mis en place est loin de respecter les recommandations de cette initiative :
1. Le gouvernement « de mission » formé par des technocrates a cédé la place à une équipe politisée , à commencer par son président jusqu’au choix des ministres par la majorité des forces politiques en place.
2. La rotation des portefeuilles indiquée par l’initiative française n’a pas été non plus respectée, malgré sa très haute importance, à cause de l’entêtement d’un des partis à garder le ministère des finances sous sa tutelle.
3. Le ministre nommé pour les finances n’est que l’adjoint du gouverneur de la banque centrale libanaise, Riad Salame, qui est accusé d’avoir orchestré le système financier libanais actuellement en faillite et qui a autorisé la fuite de dizaines de milliards de dollars depuis fin 2019 des banques libanaises vers l’extérieur, ce qui a précipité la chute. Ce ministre des finances, qui a assisté à toutes ces opérations, ne pourra défendre le contribuable contre ces requins et ne pourra avoir une vision objective de la situation.

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