ENTRE MIRACLE DIPLOMATIQUE ET COUP D’ECLAT, LE SOMBRE DESTIN DU LIBAN par Elias Masboungi

Entre une ultime tentative diplomatique et une possible mainmise de l’armée, le Liban ne vit plus que d’espoir.

Il y a certes un peuple qui refuse de se rendre et des patriotes qui continuent à croire en des jours meilleurs. Mais le peuple est un fragile assemblage de communautés et la patrie une chimère insaisissable depuis un siècle.

Club d’affaires, champion du compromis, miracle du siècle, refuge des opprimés… On pourrait citer d’autres locutions figées porteuses de mirages et de rêves.

Il faut reconnaître que la nouvelle génération refuse le fait accompli et rejette la capitulation. En attendant un prodige diplomatique ou un coup de force de la troupe.

Entretemps, il faut se rendre à l’évidence : on ne tiendra pas jusqu’aux « législatives » même anticipées ; encore moins jusqu’à à une transition pacifique au sommet.

Le danger le plus immédiat et que l’on voit venir est un démembrement de facto suivi d’une mainmise de la mafia milicienne et communautaire répondant à l’appel du vide…

Entre les bandes armées de triste mémoire nées pendant la guerre s’ajoutent des « milices en uniforme » aux allégeances connues, reconnues et entretenues par les deniers publics.

Le pouvoir central impuissant cédant à la solution la plus facile…

Laisser faire, laisser vivre… à la carte, au-dessus de ses moyens et des moyens des autres.

L’initiative française s’enrichit aujourd’hui d’une aide saoudo-américaine pas encore convaincante mais potentiellement porteuse d’une conférence genre «Taëf » ou «Doha ». Avec les leçons qui s’imposent et les lacunes qui indisposent.

Sur un autre registre, l’espoir d’un recours à l’armée s’amenuise de jour en jour….  L’institution tient toujours mais reflète l’image et les structures du pays. Le moral est bon mais l’équipement et la motivation ne sont pas au niveau requis. Une aide abondante et généreuse est promise mais la volonté serait encore… chancelante, estiment les connaisseurs.

Mais il y a aussi et surtout l’appel du devoir et une volonté du chef qui ne consistent pas uniquement à maintenir de sécurité intérieure mais aussi et surtout à prévenir un retour des forces de facto prêtes à s’approprier les lambeaux au nom d’un fédéralisme pour le moins douteux.

« Il est souvent plus difficile de négocier une partition qu’un retour au passé », écrivait un politologue citant les histoires des pays décentralisés ou fédérés.