Deux poids, deux mesures

la chronique de Xavier Houzel ou Tribune libre

Par un libelle publié sous la plume de son journaliste Tarik Qattab et titré « L’autonomie «base» de «solution» pour le Sahara: comment l’Europe avance, alors que la France de Macron recule[i] », le journal Le360 Afrique interpelle avec véhémence une fois de plus la France.

Cela tient du harcèlement, non sans une certaine hargnedifficile à accepter. J’en suis outré et attristé au même titre que des millions de Français jusques alors amoureux du Maroc. Monsieur Qattab, lisez un peu les journaux ! Observez ce qui se passe en Ukraine dans le Bassin du Don, que la Russie considère comme l’une de ses provinces.Et réfléchissez ! Mettez-vous à la place  de la France !Vous comprendrez, alors.
Croyez-vous que le moment soit approprié pour que celle-ci et son président de la République soutiennent les efforts de votre cher pays pour faire admettre une souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental que les Maures, qui, depuis toujours, y résident, continuent eux-mêmes de contester par les armes ? C’est tout simplement impossible, car il ne peut pas y avoir simultanément deux traitements parfaitement opposés de deux situations parfaitementhomothétiques faits, selon la même logique, par la Diplomatie française – l’une au Donbass et l’autre au Sahara Occidental.
Attendez que les choses se calment et modérez vos propos ! D’autant plus que les évènements de Cisjordanie projettent une ombre de plus en plus sombre sur les revendications et les gestes de colons israéliens qui pensent être partout chez eux. C’est plus embarrassant encore que les exactions d’Ukraine pour les raisons que vous savez. Attendez que les choses se calment, vous dis-je !
Parce que j’ai assisté moi-même à Paris à une rencontre passionnante que j’avais organisée en 2005 entre le général Hamidou Laânigri, alors à la tête de votre DGSN et très respecté, et leReprésentant du Front Polisario en France à cette époque. Les tribus Sahraoui ne contestaient nullement qu’au XVIII siècle, avant même le règne de Sidi Mohammed ben Abdallah (1757-1790), elles prêtaient allégeance intuitu personaeauxsouverains de l’empire du Maroc et du royaume de Fez, leurs suzerains, ce dont leurs descendants s’honorent. Ces derniers voulaient recouvrer l’autonomie territoriale qu’ils avaient perdue avec l’occupation espagnole.
La notion de souveraineté telle qu’on la cultive depuis le Traité de Berlin diffère dans leur esprit du concept féodal d’allégeance selon lequel, par exemple, le roi d’Angleterre prêtait autrefois serment de fidélité au roi de France (il faudra attendre la Guerre de Cent ans pour régler le problème).
Attendez donc que les choses se calment ! Ne brûlez pas les étapes. L’issue des évènements d’Ukraine fera jurisprudence. Et vous verrez bien de quel côté de la balance tombera le glaive en Palestine dans le jugement de Salomon.