DES VŒUX (TRÈS) PIEUX

Entre pressions américaines sur Liban et frappes israéliennes en Syrie, le Pape Léon IV est venu bénir et saluer le pays du cèdre dans une liesse populaire inédite et un accueil exceptionnel.

Salué à son arrivée le sol de la biblique « terre de lait et de miel » par un Président chrétien, un chef du Législatif musulman chiite et un premier ministre musulman sunnite, le Souverain Pontife a voulu porter un message d’espoir, de tolérance et de paix au Liban et à la région.

Trois jours de recueillement de prières, de rencontres et de déclarations optimistes ont rapproché les cœurs des Libanais sans pour autant dissiper leur peur du lendemain.

La haie d’honneur des scouts du Hezbollah sur la route de l’aéroport où les « motsik » pétaradants défiaient hier encore les voyageurs venus de « l’autre côté » et la population de la banlieue sud de la capitale se voulaient accueillantes et tolérantes. Les cheiks et imams enturbannés posant pour la photo de famille avec chef du Vatican affichaient le même sourire que les prélats des églises orientales. 

Aux balcons des rues donnant sur l’itinéraire pontifical, les voisins de palier toutes confessions confondues acclamaient le saint homme en blanc qui saluait et bénissait tout ce monde en fête.

Sur les routes empruntées par le cortège papal, des centaines de drapeaux blanc-jaunes et banderoles bariolées exprimaient une joie transcommunautaire dans les langues du pays.

 Les réseaux sociaux, les médias écrits et audiovisuels des dizaines d’invités des quatre coins du Liban clamaient la volonté de vivre ensemble allant jusqu’à dire parfois « nous sommes unis », « nous sommes un seul et même peuple » sans arriver à convaincre.

Il reste que cette allégresse apparente n’a pu dissiper l’inquiétude du lendemain ni écarter l’angoisse de la majorité silencieuse. Celle qui a entendu et décrypté les menaces de ceux qui après le départ du très Saint père diront : « Après les flonflons de la fête, vous allez voir ce que vous allez voir »… 

                                                                                                                               E.M.