Du désamour à la haine il n’y a qu’un pas…
Un pas allègrement franchi par les Libanais entre la guerre de 1976-1990 et celle d’octobre 2023.
Deux conflits atypiques tant par la violence des combats que par les changements de protagonistes.
Au début était l’alliance que l’on qualifiait de palestino-progressistes puis le front palestino-islamo-progressiste où les milices chrétiennes coalisées se battaient contre les survivants du « Septembre Noir » d’Amman alliés aux combattants gauchistes libanais soutenus par des formations sunnites qui les qualifiaient de « notre armée » sous-entendant et affirmant à voix basse que la troupe libanaise était «celle des chrétiens»…
Sur le terrain, l’intervention « amicale » syrienne pour soutenir tour à tour les deux parties changeait l’ordre des choses et se transformait en force d’occupation sévissant contre les deux camps.
Après mille et une péripéties marquées par des affrontements en dents de scie, le camp islamo-progressistes devait se départir des milices sunnites financées par la Libye et d’autres « pays-frères » pour former ce que l’on continue d’appeler aujourd’hui le « tandem chiite ». Et comme pour couronner le tout, le régime des Assad est renversé au nom de l’islam libérateur, ce qui mènera le pays du cèdre et son voisinage dans une tourmente épouvantable.
Cette rétrospective nous permet aujourd’hui la triste constatation suivante : A aucun moment la haine entre Libanais n’a été aussi intense. Une haine aujourd’hui viscérale qui conduira le pays vers un délitement certain et les Libanais vers l’exode et l’exil.
Les optimistes incorrigibles, les patriotes à tout prix et les résilients fanatiques affirment encore que tout n’est pas perdu et que « le Liban reviendra et se reconstruira » comme le promet la chanson… Mais l’Histoire nous apprend qu’elle a connu par le passé et plus récemment des pays rayés de la carte et des peuples en perpétuelle errance.
Force est de constater que lors et après ce chapitre noir, des pays voisins et frères ont poursuivi leur essor vers le progrès et le développement laissant la « Suisse de l’Orient » dans une bien triste déshérence.
Hier encore, le Qatar annonçait des investissements trente milliards de dollars pour lancer deux méga-projets de tourisme et de loisirs sur la côte méditerranéenne de l’Egypte.
Les plagistes, tauliers et hôteliers libanais peuvent aller se rhabiller…
E.M.
