
Un Israélien sur dix vit à l’étranger : révélations sur une diaspora en expansion
Une étude inédite dévoile les chiffres de l’exode israélien
Selon une étude publiée mardi 19 mars 2024 par l’Institut de politique migratoire (MPI), près d’un million d’Israéliens vivent actuellement à l’étranger, soit environ 10 % de la population israélienne totale. Cette estimation, bien que sujette à débat, reflète une tendance qui prend de l’ampleur depuis plusieurs décennies.
“Le nombre d’Israéliens vivant hors du pays est estimé à environ un million”, indique le rapport du MPI, réalisé en collaboration avec l’Institut pour les politiques migratoires (IPM) basé en Israël.
Où vivent les Israéliens expatriés ?
Les États-Unis en tête
Sans surprise, les États-Unis sont la destination la plus populaire : près de 60 % des Israéliens vivant à l’étranger y résident, soit environ 560 000 personnes.
Des communautés dynamiques se sont installées notamment à New York, Los Angeles, Miami et la Silicon Valley, attirées par les opportunités économiques et un climat social plus stable.
L’Europe : deuxième terre d’accueil
L’Europe concentre environ 30 % des expatriés israéliens, soit près de 300 000 individus. Parmi les pays les plus prisés figurent l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et les Pays-Bas, le Portugal. Berlin, en particulier, attire une population jeune, souvent d’origine russe ou laïque, séduite par une vie culturelle intense et un coût de la vie plus modéré qu’en Israël.
“Les Israéliens vivant en Europe se distinguent par leur diversité. Ils sont souvent plus instruits, polyglottes, et mieux intégrés dans les structures économiques locales”, note le chercheur Daniel Lévy, coauteur du rapport.
Autres destinations
Les 10 % restants sont répartis dans divers pays d’Amérique latine, d’Asie et d’Australie, avec des communautés notables à Toronto, Melbourne, Bangkok et Mexico.
Pourquoi les Israéliens partent-ils ?
Les motivations sont multiples et parfois douloureusement familières :
•Coût de la vie élevé en Israël, notamment en matière de logement
• Pression militaire et insécurité constante
• Manque d’opportunités professionnelles dans certains secteurs
• Conflits sociaux et politiques internes
• Meilleures conditions d’éducation pour les enfants
Un attachement toujours fort à Israël
Malgré leur éloignement, une majorité des Israéliens expatriés restent profondément attachés à leur pays d’origine. Beaucoup reviennent régulièrement, maintiennent une vie juive active, et gardent l’hébreu comme langue quotidienne dans le cercle familial.
L’étude souligne également que 40 % des Israéliens vivant à l’étranger déclarent vouloir revenir un jour s’installer en Israël, surtout en période de stabilité politique et économique.
Un défi pour l’avenir : la « fuite des cerveaux »
Ce phénomène migratoire pose un défi stratégique à l’État hébreu. De nombreux expatriés sont des scientifiques, ingénieurs, chercheurs, artistes ou entrepreneurs de haut niveau. Leur départ est souvent qualifié de “fuite des cerveaux”, affaiblissant le potentiel d’innovation nationale.
“Israël forme brillamment ses citoyens, mais ne parvient pas toujours à les retenir”, commente le sociologue Ofer Malka. “Ce paradoxe affaiblit notre économie à long terme.”
nformations complémentaires : que disent les autres études ?
Une étude du Central Bureau of Statistics en 2023 indiquait que l’émigration nette d’Israéliens est d’environ 17 000 personnes par an. Ce chiffre ne tient pas compte des doubles nationalités, fréquentes, ni des étudiants qui restent à l’étranger après leurs études.
Un rapport du Jewish People Policy Institute (JPPI) mentionnait en 2022 que la communauté israélienne à l’étranger se distingue de la diaspora juive traditionnelle, car “elle ne se définit pas par l’exil mais par le choix”. Cela change la donne en matière d’identité, de rapport à Israël et d’intégration.
Vers un rapprochement institutionnel ?
Face à ces chiffres, des initiatives gouvernementales sont en cours pour renforcer les liens avec les Israéliens de l’étranger. Le ministère des Affaires de la Diaspora envisage de créer un statut spécial d’“Israélien expatrié”, permettant de faciliter le retour, l’investissement ou la participation à la vie civique, même depuis l’étranger.
“Nous devons cesser de voir les Israéliens à l’étranger comme des traîtres ou des égoïstes”, a déclaré un responsable du ministère sous couvert d’anonymat. “Ils sont une richesse, pas une menace.”