A la veille de l’arrivée de Gebran Bassile à Paris : LA FRANCE INVITE LES PARTIES LIBANAISES A ABORDER LES QUESTIONS DE FOND
A la veille de l’audience que le Président Emmanuel Macron accordera au ministre libanais des Affaires étrangères, M. Gebrane Bassile, on peut affirmer que Paris est maintenant pleinement engagé dans une véritable action diplomatique. Au-delà de la création de conditions favorables à un retour très prochain à Beyrouth du chef du gouvernement libanais, M. Saad Hariri, la diplomatie française a élargi ses contacts à des partenaires européens et semble décidée à inciter les parties libanaises et régionales à aller au fond des choses. Les premiers se mettant immédiatement au travail pour une véritable distanciation du pays du cèdre à l’égard des événements en Syrie et les seconds à entreprendre une désescalade au Liban en agissant éventuellement auprès de leurs partenaires locaux.
Faisant suite aux déclarations de M. Jean-Yves le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères faites dans la matinée d’hier à Bruxelles (lire par ailleurs) le porte-parole du Quai d’Orsay a répondu à trois questions posées par des journalistes dans le cadre du point de presse électronique par les quatre lignes suivantes :
«Nous souhaitons que tous ceux qui exercent une influence au Liban permettent aux acteurs politiques de ce pays d’exercer pleinement leurs responsabilités. M. Saad Hariri a appelé hier l’Iran à ne pas s’ingérer dans les affaires du Liban et des pays voisins. Nous estimons que c’est une condition importante de la stabilité dans la région. La France a pour le Liban une attention particulière et souhaite que la communauté internationale s’exprime d’une seule voix pour en assurer la stabilité, l’unité et la sécurité ».
Des milieux proches de l’Elysée et du Quai d’Orsay ont laissé entendre hier que les responsables français apprécient et soutienne la position du Président Michel Aoun tout au long de la crise suscitée par la démission à distance de M. Saad Hariri et soutiennent les autres dirigeants libanais pour leurs efforts visant à éviter tout dérapage dans le pays.
Il en sera probablement question aujourd’hui lors de la rencontre Macron-Bassile qui pourrait expliciter cette attitude du Président Aoun et du Palais Bustros et éventuellement répondre aux interrogations et aux inquiétudes françaises ou tenir des propos rassurants sur un éventuel assouplissement de l’attitude « du Hezbollah ». Non sans ajouter des indications sur le but de sa tournée dans d’autres capitales européennes.
Un diplomate arabe à Paris a estimé que cette tournée du chef de la diplomatie libanaise pourrait se substituer au recours au Conseil de sécurité évoqué comme une possible par la Présidence libanaise et ceci, bien avant la désescalade ressentie après l’interview télévisée du Président Hariri à la « Future TV ». Ce diplomate a ajouté qu’en pareilles occasions, le Chef de l’Etat français pose des questions précises avant d’informer son hôte de positions et des intentions françaises.
En tout état de cause, l’inquiétude française semble avoir baissé d’un cran, à en croire des milieux politiques, qui ajoutent que la France a non seulement alerté ses partenaires européens de la gravité de la situation au Liban mais aussi les deux grandes capitales dont une sera la destination de M. Bassile après Paris.